De son vrai nom Marième Absa Fall Coulibaly, Samira Fall, slameuse sénégalaise, annonce la sortie de son album « Yaraam », qui veut dire « corps saint » en wolof. Cette artiste sénégalaise, qui écrit des poèmes depuis l’âge de 13 ans, exprime à travers ses slams son rêve d’une société où règne l’égalité des sexes et des droits. Samira Fall a fait ses débuts dans le slam en 2014. Mais elle se révèle avec son œuvre « Oxymoriques », recueil de poèmes, parue en 2017 et une série de slam « INTRO ». Dans une interview accordée à Sahutiafrica, Samira Fall confie que le slam permet de se faire entendre et de délivrer ses messages.
Sahutiafrica : Le titre « Soleil Nocturne » a un ton dénonciateur d’une oppression que vivent certains. Mais l’accent est mis sur la femme. Qu’exprime Samira Fall dans ses textes ?
Samira Fall : « Soleil Nocturne » est un texte, qui met en relief les différences et la façon que la société les érige en frein. C’est comment culturellement la femme est cantonnée à un rôle et le fait qu’elle ne devrait pas sortir des sentiers battus. Dans mes textes, je parle de tout ce qui touche à l’humain. Je m’inspire beaucoup de mon environnement immédiat, de ce que je vois et de ce qu’on me raconte. J’essaie de poétiser des histoires fortes ou banales. Mais j’essaie surtout d’apporter la lumière sur certaines situations qui commence à faire partie du quotidien. L’on ne s’étonne plus de l’injustice, de la souffrance, les enfants mendiants sont devenus parties intégrantes du décor. Il est important pour moi de réveiller avec mes mots et de montrer qu’il est dangereux de banaliser l’inacceptable.
SA : Au Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua), le Sénégal a été l’invité d’honneur. Et vous avez presté dans la soirée Sénégal à l’Institut français d’Abidjan. Comment avez-vous vécu tous ses instants et votre séjour en Côte d’Ivoire ?
SF : J’ai été honorée d’avoir pris part à cet événement d’envergure. En effet, j’ai fait partie des artistes choisis pour faire partie de cette délégation spéciale qui visait à faire reluire la culture sénégalaise au Femua. Cela a été une très belle expérience vécue grâce à la direction des arts et au ministère de la culture, qui ont fait le maximum pour déplacer des artistes de différentes disciplines. Cela a aussi été une belle découverte de la culture ivoirienne, mais aussi des délégations des autres pays présentes pour l’occasion. La soirée à l’Institut français de la Côte d’Ivoire nous a permis de communier avec le public présent ainsi que les officiels. Mais le stand Sénégal tenu tout au long du festival a aussi aidé à mettre en place des activités diversifiées et à faire connaître la richesse de la culture Sénégalaise.
SA : D’où vient votre inspiration ?
SF : Mon inspiration me vient du quotidien, de mes expériences personnelles, de ma famille, des gens que je rencontre, de ce que j’observe, de ce qui m’interpelle, de ce qui m’étonne, de ce qui me choque.
SA : C’est avec quel sentiment lorsque vous prenez votre stylo pour écrire vos textes ?
SF : C’est avec un sentiment de quête de délivrance. C’est comme s’il fallait coûte que coûte cela sorte et cela de n’importe quelle manière. J’écris d’abord par nécessité. Il m’arrive souvent d’écrire en pleurant, il m’arrive aussi de ne pas comprendre ce que je couche sur papier au premier abord. C’est comme un état second paradoxalement où le moment d’écrire devient un instant de clairvoyance.
Propos recueillis par Trésor Mutombo