Au moins vingt-cinq personnes, dont 18 soldats, ont été tués le week-end dernier au Soudan du Sud dans des affrontements opposant des villageois à des militaires venus récupérer du bétail considéré comme volé. L’information a été relayée par un dirigeant de l’Etat septentrional de Warrap lundi 27 juin.
Ces affrontements, qui ont commencé samedi et se sont prolongés jusqu’à dimanche après-midi, ont eu lieu dans le village de Wal Bet, dans le comté de Tonj Nord.
« Quand les soldats sont venus récupérer le bétail, les civils ont pris les armes et ont commencé à combattre les militaires », a déclaré Ring Deng, ministre de l’Information de l’Etat de Warrap à l’AFP. M. Deng souligne que plusieurs militaires sont toujours portés disparus.
Il condamne ces événements et en appelle aux habitants de la région « afin qu’ils ne voient pas le gouvernement comme leur ennemi ».
Un des députés du comté de Tonj Nord, Mawien Dhor Ariik, estime que cette situation est « le résultat d’une vacance du pouvoir, après que le gouvernement a suspendu mi-juin son représentant dans l’Etat en raison de la détérioration de la situation sécuritaire ».
L’Etat de Warrap, et particulièrement le comté de Tonj North, a été le théâtre d’affrontements sanglants ces dernières années entre forces gouvernementales et jeunes civils armés, qui s’opposent régulièrement aux ordres du gouvernement.
En août 2020, au moins 127 personnes sont mortes dans des affrontements entre soldats et jeunes d’une communauté locale, les Gelweng, qui refusaient de se prêter à une opération de désarmement.
Plus jeune pays du monde, le Soudan du Sud vit dans l’instabilité politique, économique et sécuritaire depuis son indépendance du Soudan en 2011.
Une sanglante guerre civile entre les frères ennemis Salva Kiir (originaire de l’Etat de Warrap) et Riek Machar a fait près de 400.000 morts et des millions de déplacés entre 2013 et 2018.
De nombreuses dispositions de l’accord de paix qui a mis fin à la guerre civile en 2018 et instauré un partage du pouvoir entre Kiir (au poste de président) et Machar (comme vice-président) restent largement inappliquées, en raison notamment des querelles persistantes entre les deux rivaux.
L’échec à mettre sur pied une armée et un commandement unifiés alimente notamment un climat de violence et d’impunité à travers le pays, classé parmi les plus pauvres du monde.
AFP/Sahutiafrica