Les cadavres de 17 jeunes, morts sans blessures apparentes, ont été découverts dans un bar de nuit informel d’un township d’East London dans la province du Cap oriental en Afrique du Sud. C’est ce qu’a rapporté la police sud-africaine qui enquête sur la cause de ces décès de masse dimanche 26 juin.
Selon les autorités locales, quatre autres jeunes qui se trouvaient dans cet établissement sont ensuite décédés à l’hôpital.
Une foule de personnes, incluant des parents dont les enfants sont portés disparus, s’était rassemblée dimanche devant le bar situé dans un quartier résidentiel pendant que des véhicules mortuaires emmenaient les victimes.
De hauts responsables du gouvernement se sont rapidement rendus sur les lieux, dont le ministre de la Police nationale, Bheki Cele, qui a fondu en larmes en sortant de la morgue où les corps ont été déposés.
« C’est une scène terrible à regarder », a-t-il déclaré aux journalistes. « Ils sont assez jeunes. Quand on vous dit qu’ils ont 13 ans, 14 ans et que vous y allez (à la morgue) et que vous les voyez. Ça casse ». Les victimes sont treize garçons et huit filles.
Près de la morgue, un couple qui a perdu sa fille de 17 ans, confie sa détresse.
« Notre enfant était là, elle est décédée là. Cette enfant, nous ne pensions pas qu’elle allait mourir de cette façon, c’était une enfant humble, respectueuse », dit sa mère, Ntombizonke Mgangala, se tenant à côté de son mari.
Le président Cyril Ramaphosa, qui se trouve en Allemagne pour assister au sommet du G7, a présenté ses condoléances aux familles endeuillées. Il s’est dit préoccupé par « les circonstances dans lesquelles ces jeunes se sont réunis dans un lieu qui, à première vue, n’aurait pas dû être accessible à des mineurs ».
« C’est incroyable, c’est incompréhensible, perdre ainsi vingt jeunes gens », a lâché sous le choc le chef du gouvernement de la province du Cap oriental, Oscar Mabuyane, venu sur les lieux de la tragédie, un simple bâtiment entouré de maisons individuelles.
Ruban d’anniversaire
Des bouteilles d’alcool vides, des perruques, et même un ruban violet pastel où est écrit « Joyeux anniversaire » jonchaient la rue poussiéreuse à l’extérieur de la taverne à deux étages Enyobeni, selon Unathi Binqose, un responsable du gouvernement chargé de la sécurité qui est arrivé sur les lieux à l’aube.
« Des autopsies et des examens toxicologiques établiront la présence ou non de traces de drogue ou d’empoisonnement », a-t-il ajouté.
Les victimes ont été découvertes aux premières heures du jour dans un bar de fortune du township de Scenery Park, à East London.
Le propriétaire du bar, Siyakhangela Ndevu, a déclaré que des jeunes s’étaient précipités pour s’engouffrer dans le bar qui était déjà plein à craquer, évoquant une bousculade.
Il a déclaré devant des journalistes qu’il avait été appelé sur les lieux après 1h du matin (23h00 GMT) car il y avait « trop de monde. Certains voulaient sortir et d’autres voulaient entrer de force ».
Excluant une bousculade comme cause du décès, M. Binqose a déclaré à l’AFP : « Il n’y a pas de blessures ouvertes visibles ».
Fin de l’année scolaire
Les victimes, a-t-il estimé, étaient vraisemblablement des élèves qui célébraient la fin de l’année scolaire.
Selon le journal local DispatchLive, « les corps étaient éparpillés, en travers des tables, sur des chaises et au sol, sans aucun signe apparent de blessure ».
Les télévisions locales ont diffusé en boucle des images de la foule des familles et des badauds rassemblés près de ce bar d’East London, une ville d’un million d’habitants située sur l’océan Indien, à quelque 700 km au sud de Johannesburg.
L’agence régionale chargée de délivrer des licences autorisant la vente d’alcool a indiqué qu’elle envisageait de porter plainte contre le propriétaire du bar pour infraction « flagrante » à la loi interdisant la vente d’alcool aux moins de 18 ans.
De nombreux débits de boissons informels surnommés « shebeens » ou « taverns » sont autorisés ou tolérés dans les townships des grandes villes sud-africaines, ces quartiers défavorisés autrefois réservés aux non-blancs avant la fin de l’apartheid. Mais la réglementation sur l’âge légal pour la consommation d’alcool n’est pas toujours appliquée.
La Rédaction