Lundi 9 janvier, Amnesty International a appelé les autorités algériennes à annuler les peines de mort prononcées en novembre par un tribunal d’Alger contre plus de cinquante suspects pour le lynchage d’un homme accusé à tort de pyromanie en Kabylie.
A l’issue d’un procès qui s’est tenu entre le 15 et le 24 novembre, quarante-neuf accusés ont été condamnés à mort après avoir été reconnus coupables du lynchage de Djamel Bensmaïl, un artiste qui s’était porté volontaire dans un village de la préfecture de Tizi Ouzou (nord-est) pour aider à éteindre les feux de forêt qui avaient fait 90 morts en moins d’une semaine en août 2021.
Selon Amnesty, la peine capitale a également été infligée à cinq autres suspects, dont une femme, jugés par contumace. Après avoir entendu qu’on le soupçonnait d’avoir allumé le feu à la forêt, Djamel Bensmaïl, qui était âgé de 38 ans, s’était rendu à la police.
Des images relayées par les réseaux sociaux avaient montré une foule extirpant l’homme d’un fourgon de police. Il avait ensuite été battu puis brûlé vif, tandis que des jeunes prenaient des selfies devant le cadavre.
Si la peine de mort est bien prévue par le code pénal en Algérie, elle n’est plus appliquée en vertu d’un moratoire en vigueur depuis 1993. Vingt-huit autre accusés poursuivis dans le cadre de cette affaire ont été condamnés à des peines allant de deux à dix ans de prison et 17 ont été acquittés.
« Les procès des suspects sont entachés de violations des garanties d’un procès équitable et d’allégations de torture », a affirmé Amnesty dans un communiqué. « Infliger la peine de mort n’est jamais justifiable, quelle que soit l’infraction commise. Ces peines de mort et ces condamnations ignobles doivent être annulées sans délai », a ajouté l’ONG.
Les autorités algériennes avaient accusé le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), classée comme organisation « terroriste » par Alger, d’être responsable des incendies et de la mort ignominieuse du jeune homme. Les accusés doivent être rejugés en appel mais la date du procès n’a toujours pas été fixée, selon Me Kader Houali, un avocat de la défense.
AFP/Sahutiafrica