En RDC, il n’ y a qu’une seule société de transport « Air décès »! En bus, en train, en voiture, en moto, en avion et même en cercueil volant, en vélo, en personne aussi (une particularité singulière), en balaie (de préférence en ballade nocturne au bal de millionnaires vampires), en pousse-pousse. Bref chaque moyen de transport est une république dans la République.
Pas étonnant que ceux qui gèrent le portefeuille du transport ne font que grossir à tous les points, dans tous les coins et surtout sur tous les plans! Sinon être mince ou léger dans le domaine du transport dans le pays, c’est s’envoyer en l’air avec la mort. Une mort bien vivante!
On prendra le temps de parler de chaque république. On a toute la vie quant à ce. Mais pour aujourd’hui on parlera de la République de « Wewas », mot qui veut dire «toi » en tshiluba, l’une des quatre langues nationales parlées en RDC.
Voici leurs caractéristiques.
-Tous ne sont pas lubas. Mais l’entendement populaire les coince dans cette appréciation car, à ce qu’il paraît, le métier est né en terre luba où jadis les diamants n’avaient pas honte de se montrer. On en trouvait partout, à terre, sous terre, sur la terre, par terre, en l’air même avec le phénomène de « diamants volants » qui ont construit plusieurs villes et économies en Occident!
Alors comme tout le monde était riche, on a fait de riches ailleurs car étant brutes, on exportait tout en brute. Conséquence: on n’a pas construit les routes pour les voitures. C’est trop encombrant. Alors, ils sont presque tous devenus des as de la moto(wewa) et depuis leur réputation en ce sens le précède.
-La République de « Wewa », une république des ordonnés dans l’empressement! Ils ont tout sauf le temps d’attendre. J’en ai même vu plus d’un en train de transpirer l’impatience et leur pire ennemi c’est l’embouteillage. Les yeux fermés, ils pénètrent tous les trous avec une fulgurance lumineuse! La mort ne leur dit plus rien. La vie est un risque, et qui ne risque rien n’a rien! Ils sont mieux que le « Transporteur » dans l’art de dompter la mécanique à deux roues!

La République de Wewa, une association dont les membres pullulent dans tous les coins du pays, avec l’immunité diplomatique. C’est à croire que les codes de la route ne les concerne pas. Ils passent et dépassent dans tous les sens. A gauche, à droite, au feu rouge, voire lorsque le roulage hésite à bloquer les routes, eux passent. Rares sont identifiables et peu conduisent selon les normes en temps de Corona. C’est difficile de partager le même casque à tous les clients, distanciation sociale oblige! Le cache-nez, un luxe que peu s’accordent.
Néanmoins, ils sont là, les wewas, représentant tout un pan de l’économie nationale avec la particularité d’être solidaire. Comme l’aurait dit l’artiste musicien Youssoupha, “ils sont tous solitaires et se soignent par le partage de la même chaussée”.
La République de Wewa, la République de mbeba! Je ne sais même pas pourquoi j’ai conclu avec cette note sombre, peut-être parce que je suis un de leur plus fidèle client. Par le plus grand de hasard ou pas, je peux oser dire: «Que la République de Wewa, est jamais sans mbeba!»
Christian Gombo