Bunda n’a nga…
N’attends pas ! N’attends plus rien de policiers et militaires ! N’attends plus rien de politiciens et nionsologues congolais, qui depuis toujours m’ont abandonné ! Seul face à mon destin et seul contre tous.
Bunda n’a nga…
Je suis seul, seul avec ma solitude. Seul avec ta solitude. Nous sommes les enfants de rien. Les enfants de personne, les enfants du néant, les enfants de la mort, les enfants de la rue. Oui, nous sommes seuls, seuls sur terre. Pour ce, on doit toujours se taire et vivre sans la mort sous terre… La terre et la mère sans rien voir de nouveau sous le soleil.
Bunda n’a nga ne veut rien dire
Je n’existe que pour moi. Je n’existe que pour souffrir, souffrir sans mourir. Et je sais que tu es là, toi, triste solitude incomprise, je sais que mon destin froisse ton bon sens. Je sais que mes maux pendent tes mots. Je sais que mon humiliation assomme ton humanité. Oui ! Je sais…je sais tout ça… Sois alors ma bouche, mes oreilles, mes yeux, …
Bunda n’a nga… je perds mes mots pour bien te prononcer
Je ne sais même plus si je prononce bien ton nom. Bunda n’a nga… Ou Buna nga nda… En fait, c’est parce que nos politichiens… Je prononce encore mal. Je dois épeler pour ne pas me perdre. Nos po-li-ti-ciennnsss.
Voilà. Ceux-là que je viens de citer, nos conseillers stratégiques, nos opposants de la première et de la dernière heure, nos présidents et vice-présidents fondateurs et éternellement honoraires, nos généraux au train de vie luxueux si pas nos militaires, qui ont oublié le bon goût de la guerre, nos ministres et premiers ministres inarrêtables par nos cours et tribunaux. Bref !
Tous ces puissants du pays, qui pour leur protection ont toute une armée. Armée jusqu’au dent pour veiller sur leur sécurité, alors que Bundagana est sous contrôle des tiers. Dans les rues, de jour comme de nuit, des sirènes, gyrophares et gardes tellement méchant qu’ils inspirent la terreur, d’un simple regard, aux civils.
Bunda n’a nga…
Je suis cette ville prise sous contrôle des rebelles et combattants soutenus par des voisins! Un village du territoire de Rutshuru dans la province du Nord-Kivu en République démocratique du Congo. Qui suis-je en fait ? Je vois des gens prêts à appuyer sur le buzzer pour donner la bonne réponse. C’est à vous !
Du moins, j’étais en RDC ! Ça va faire de jours, de mois, …que je ne suis plus totalement sous administration congolaise alors que tous les hommes importants du pays ont toute une armée pour leur sécurité. Moi, je n’avais même pas dix policiers et militaires ! Le pire est que ceux qui étaient là n’étaient même pas suffisamment armés pour ma défense! Ne m’oublie pas ! Bunda n’a nga, je suis ton frère, je suis …!
Christian Gombo, Ecrivain