Le pouvoir en place aurait dû consulter la famille de Thomas Sankara, les familles d’autres victimes et les parties civiles dans le procès avant d’envisager le retour de Blaise Compaoré. Le retour de l’ancien président s’inscrirait dans le cadre d’une éventuelle réconciliation au Burkina Faso. C’est ce que pense Me Ferdinand Djammen Nzepa, avocat de la famille de Thomas Sankara, dans une interview accordée à Sahutiafrica ce jeudi 7 juillet.
Il dit être surpris par ce retour sous la couverture des autorités de transition. Pour lui, c’est un manque de lucidité de la part du pouvoir en place de lancer cette invitation sans se soucier de la prison à vie assortie d’un mandat d’arrêt qui pèse l’ex président Blaise Compaoré.
« On ne peut pas comprendre qu’une personne est frappée d’une sanction aussi grave, qui s’est moquée de la justice depuis plusieurs années. Et qu’il revienne triomphalement alors que nous sommes encore en train de voir comment on peut exécuter cette décision » regrette-t-il.
Le 6 avril dernier, Blaise Compaoré a été condamné à la prison à perpétuité pour complicité d’assassinat de Thomas Sankara, père de la révolution burkinabé.
Me Nzepa reste tout de même dubitatif sur l’interpellation de l’ancien chef d’Etat burkinabé. « Je ne pense pas que la junte peut l’interpeller puisque c’est elle-même qui l’a invité », dit-il.
Il juge que le comportement de la junte est très bizarre par rapport à cette situation. « Que penseront les autres condamnés ? Ils sont en mesure de dire qu’il y a inégalité de traitement », conclut-il.
De retour à Ouagadougou, capitale burkinabé, Blaise Compaoré, l’ancien président du Burkina Faso en exil à Abidjan depuis 2014 après avoir été chassé du pouvoir par une insurrection populaire. Il va participer ce vendredi 8 juillet à une réunion d’anciens chefs d’Etats avec comme objectif : accélérer la réconciliation nationale, selon le gouvernement burkinabé.
Joe Kashama