En RDC, Vital Kamerhe a été désigné candidat de l’Union sacrée, majorité parlementaire, à l’issue des primaires de la coalition au pouvoir. Ce qui ne surprend pas l’analyste politique Christian Moleka, coordonnateur de la Dynamique des politologues (Dypol) de la RDC et initiateur du Politoscope.
Mardi 23 avril. Salle de congrès du Palais du peuple. En primaires, l’Union sacrée devait se choisir un candidat pour le perchoir de la chambre basse. Trois candidats, tous membres du présidium, étaient en lice : Vital Kamerhe, Modeste Bahati et Christophe Mboso. La nuit commence à tomber lorsque le dépouillement début. Suspens dans la salle.
Pas de surprise
Durant le comptage, Vital Kamerhe, souriant, s’envole en tête avec 183 voix sur les 372 votants. Christopher Mboso, visiblement frustré, arrive en deuxième position en glanant 113 voix. Modeste Bahati est troisième avec 69 voix. Fin du suspense, mais aussi autour de cette question.
Pour l’analyste Christian Moleka, une victoire de Vital Kamerhe était « probable ». Il affirme que « c’est l’UDPS qui déterminait cette victoire à travers son vote, étant la première force de la majorité ». Même s’il estime que le choix d’organiser les primaires traduit une forme de « fébrilité au sein de la coalition au pouvoir, mais aussi des tensions qui peuvent impacter son bon fonctionnement ».
« Le poids politique de Vital Kamerhe justifiait cette ambition et qu’il puisse la revendiquer Lorsque vous prenez la dynamique qu’il a mis autour de lui avec le PCR (Pacte pour un Congo rénové), cela faisait de lui la deuxième force après l’UDPS. Il avait des capacités de ressembler au-delà de l’UNC, tandis que le président Mboso avec sa plateforme l’ACRD, n’avait que neuf sièges. Et que Bahati avec son AFDC, même s’il a beaucoup plus de députés aussi, n’avait pas la capacité de ressembler au-delà s’il n’avait pas le soutien de l’UDPS », décrypte le politologue.
Vital Kamerhe constant ?
D’après lui, la surprise aurait été une défaite de Vital Kamerhe. « Cela aurait laissé penser à une forme de divorce presque entre le président et Kamerhe quand on sait comment le ticket CACH est né. On aurait, peut-être vu, les premières lignes de réelles frictions entre les deux hommes », commente Christian Moleka.
Visiblement, Tshisekedi et Kamerhe semblent de nouveau être en tandem. Quelques heures après sa victoire aux primaires, le président Tshisekedi a reçu et félicité son ancien directeur de cabinet. Poignée de mains et accolades chaleureuses. Déjà président de l’Assemblée nationale entre 2006 et 2009, Vital Kamerhe va retrouver ce perchoir après 15 ans, sauf rebondissement.
« Je n’avais jamais demandé à être candidat à la présidence de l’Assemblée nationale. J’étais en réalité le choix du président de la République depuis plus de deux mois. Les autres ont exprimé leurs désirs, et après des tentatives de conciliation, nous avons été renvoyés aux primaires », a réagi Vital Kamerhe après sa désignation, rassurant de sa loyauté au président Tshisekedi.
Un retour en grâce pour ce vétéran de la politique congolaise, qui a connu un procès, dont l’affaire a fait grand bruit. Une condamnation à 20 ans de prison au premier degré pour détournement de fonds publics. Puis, à 13 ans en appel avant d’être finalement blanchi pour absence de preuves dans le procès 100 jours. Depuis, le leader de l’Union pour la nation congolaise (UNC) navigue sur un fleuve tranquille et a su s’installer au cœur du pouvoir, se montrant le plus loyal au président Tshisekedi.
Pour Christian Moleka, l’élément déterminant de Vital Kamerhe reste sa « constance auprès du président Tshisekedi ». En signant avec Félix Tshisekedi l’accord de Nairobi en 2018, Vital Kamerhe est devenu l’allié de première heure. « Malgré tous les déboires judiciaires, son passage à la prison, le feuilleton 100 jours, il a gardé une forme loyauté à côté du président. C’est peut-être l’élément qui l’a différencié des autres, qui sont tous les deux (Bahati et Mboso) transfuges de l’ancien FCC. Et, qui ont rejoint le président dans la dynamique de l’Union sacrée mise en place en mi-mandature », pense l’analyste.
Cette fois-ci, Vital Kamerhe se retrouve dans une position stratégique. L’homme se sait attendu. Il sait aussi que ses prises de positions seront cryptées et analysées. Au perchoir de l’Assemblée nationale, M. Kamerhe veut redorer l’image de l’Assemblée nationale et lui redonner son prestige et son autorité.
Trésor Mutombo