La montée de la menace djihadiste est l’élément principal de l’instabilité au Burkina Faso, théâtre de deux putschs en l’espace de huit mois, pense Me Hermane Yameogo, analyste politique burkinabè, dans un entretien à Sahutiafrica.
Pour lui, la situation sécuritaire demeure précaire dans le pays, où près de 60% du territoire échappe au contrôle des autorités. « Six mois après l’arrivée du capitaine Ibrahim Traoré, le pays n’a pas été aussi mal. Plus de morts, de personnes déplacées internes et à l’étranger, plus d’écoles fermées, de villes encerclées, d’axes majeures impraticables », peint l’analyste.
Il affirme qu’il faut faire ce qui n’a pas été fait. « Il devrait arrêter de plus se consacrer à la politique qu’à la guerre », prône Me Hermane Yameogo.
Le 30 septembre 2022. Ce jour-là, le capitaine Ibrahim Traoré dépose le colonel Paul-Henri Damiba, lui aussi putschiste, sur fond de l’impasse sécuritaire. Le nouvel homme fort a, aussitôt, affiché son ambition d’endiguer l’insécurité causée par des incursions meurtrières de groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l’Etat islamique (EI). Mais le Burkina Faso reste toujours en proie à des attaques terroristes sanglants et meurtrières. Une situation qui dure depuis 2015.
« Généralement, pour entrer en guerre, on s’efforce de réunir les meilleures chances en sa faveur. Apparemment, c’est ce qui n’a pas été fait. Si tel avait été le cas, le Régiment de sécurité présidentielle (RSP) n’aurait pas été dissous », dit-il. Il indique que des mesures de concorde nationales devraient favoriser une union sacrée face à la montée de la menace djihadiste. « Le pays n’aurait pas été gagné par l’intolérance et une volonté farouche d’instauration de la pensée unique sur la base d’un incivisme de l’Etat », déplore l’analyste.
Dimanche 16 avril, des djihadistes présumés ont une nouvelle fois endeuillé les forces burkinabè. L’attaque contre un camp de l’armée a fait près de quarante-deux morts dans la nuit de samedi à dimanche. C’était la deuxième attaque meurtrière au rang de l’armée en l’espace d’une semaine. Les autorités avaient pourtant annoncé deux jours avant une mesure de mobilisation génération et de mise en garde dans tout le pays.
« La mobilisation est une chose normale en temps de guerre. Elle ne doit pas seulement plus servir à la base du totalitarisme qu’à combattre les terroristes », argue Me Hermane Yemeogo.
Raymond Nsimba