Quand on a demandé au Sage ce qu’il pensait de la nouvelle politique du Gouverneur de Kinshasa, qui se résume en « Kin ezobonga », voici sa réponse :
« Le jour où j’ai rencontré un homme, non, c’était une femme, non plus, c’était un jeune garçon, je ne suis plus sûr, c’était forcément une jeune fille. Non encore, il ressemblait à… bon, arrêtons-nous là. De toutes les façons, le sexe, ce n’est pas important. Il y en a beaucoup qui ne fonctionnent d’ailleurs plus bien. Les causes sont multiples : sous-alimentation, insécurité alimentaire permanente, misère, mauvaises habitudes alimentaires. Bref, je ne sais même pas comment j’en suis arrivé là, mais l’idée, c’était seulement de vous dire, oui, de dire à vous qui êtes en train de lire ces mots, qu’un jour, j’ai rencontré quelqu’un qui faisait des omelettes sans casser les œufs.
Comme quoi, aujourd’hui, on peut mettre Kin dans une bouteille de bière et nous ne verrons que du feu. Même si beaucoup prendront la bière pour qu’il y ait assez d’espace pour Kin dans la bouteille. Et donc, pourquoi « Kin ezobonga » ? La phrase est mise exprès dans un futur incertain. Quand les attentes et les promesses ne seront pas réalisées, on vous dira avec hauteur et arrogance : « Nous avions dit que Kin ezobonga, pas Kin ekobonga ou même Kin ebongi déjà. »
Quand la fin du mandat sonnera, on nous chantera encore et encore la même chanson que chantent tous les politiques : « Nous avions eu beaucoup de volonté, mais les moyens n’ont pas suivi. » Et pendant ce temps, au budget comme aux finances, on se félicite des sommes records en termes de mobilisation des finances publiques. Mais pour qui ? Pourquoi ? Nous tous, nous connaissons les réponses…
Le pays entier travaille pour les députés, sénateurs, ministres, hauts fonctionnaires, hauts cadres. Et dans la nouvelle constitution, selon les dires de certains anciens, il faudra mentionner que tous ceux qui seront dans cette catégorie ne devront jamais mourir de faim, même s’ils ont été d’excellents travailleurs de la Nation, comme l’ont toujours été tous les travailleurs de la Nation depuis 1960.
Lumumba n’est pas mort, cher ami. Lumumba, Mamadou Ndala et tous nos autres véritables héros, nous les tuons chaque jour. Chaque jour, quand nous venons aux affaires, et l’on sait vérifier que « nous, nos poches et nos proches prospèrent à tous égards comme prospère chaque jour la misère du peuple ».
Un discours politique au futur sous forme de souhait, en plus, ça n’engage en rien le politicien en question. Il nous dira, comme toujours, après son échec — et ce n’est pas une prophétie — : « Nous avons fait de notre mieux, mais nous n’avons pas de budgets. » Et puis d’autres viendront avec des promesses, comme s’ils avaient des bâtons magiques, et le cycle reprendra encore et encore… C’est comme ça qu’on fait des omelettes sans casser les œufs. Et pendant ce temps-là, Madame la Pluie ne nous lâche plus. Et aux politiciens de nous dire avec beaucoup de légèreté comme d’habitude « ce n’est pas de notre faute, le réchauffement climatique ». Bon sur ce coup ils peuvent avoir raison. Mais quand même … »
Christian Gombo, Ecrivain