Des motos sillonnent à Beni, ville située dans l’est de la RDC. Casque de sécurité enfilé. Et un gilet de couleur rouge, vert et orange. Les motards circulent dans toute la ville. A Beni, la moto est le principal moyen de transport. Mais les conducteurs de taxi moto ne semblent pas faire des bonnes affaires. Et affirment n’avoir pas un grand bénéfice. Une situation qui s’est empirée avec l’instauration de l’état de siège.
«En cette période d’état de siège, nous ne travaillons plus comme avant. Nous faisons une course contre la montre. On, nous dit que c’est à 21h 00 que nous devons arrêter. Donc, nous n’avons pas des bénéfice comme au paravent», confie Paluku Kisuki, motard habillé d’un gilet orange et casque enfilé à la tête. Paluku attend les clients sous le soleil de Beni.
«Nous travaillons dans des conditions très difficiles, car si tu fais l’accident ta moto sera amène à l’auditorat. Et là, tu peux payer une somme estimée à cinquante USD voire même 100 USD pour que ta moto soit libérée. C’est difficile de négocier avec eux», relate Fabrice Kavuque, taximen de moto croisé à son lieu. Cassez-nez correctement porté, Fabrice, de teint bronzé, discute avec ses amis sur le calvaire qu’il a subi lorsque sa moto a été saisie à l’auditorat.
A Beni, le travail de motards débute à 06 heures. Et se clôture à 21 heures. Le prix de la course est à 500 francs congolais. Jackson Mbusa, père de famille, affirme qu’il ne gagne plus comme avant. Vêtu d’un gilet rose inscrit ACCO numéro 123, il roule lentement pour cherche des potentiels clients sur le boulevard Nyamwisi, au rond-point du 30 juin, en plein cœur de la ville.
«Actuellement, nous gagnons 8000 FC (équivalent à 4 USD) par jour. Or, avant l’état de siège, nous gagnons plus de 10000 FC. C’est devenu difficile de répondre aux besoins de nos familles», se désole-t-il.
«Tu peux transporter un militaire. Et, il ne va pas te payer. On risque de transporter un bandit, qui peut te tuer ou voler ta moto pendant cette période de l’état de siège», dit Malu, la vingtaine. Certains motards appellent à la levée du couvre-feu. C’est le cas de Patrick Teka, membre de l’association taximen de Beni. Il indique qu’il ne gagne plus grand-chose de son travail à cause du couvre-feu.
«J’avais toujours l’habitude de clôturer mon activité de taxi moto à partir de 5h30 comme je travaillais toute la nuit. Mais cette décision m’a poussé à travailler durant la journée. Pourtant, en faisant le transport la nuit, je gagnais 20 000 FC par nuit. Pendant la journée, je touche seulement 7000 FC», dit-il.
Pour endiguer la propagation du Coronavirus, les autorités congolaises ont instauré un couvre-feu qui commence à partir de 21 heures. Une mesure salvatrice pour sauver de vie. Elle loge par contre le diable dans les poches de motards.
Augustin Sikwaya depuis Beni