Une « surpopulation carcérale extrême » et de « mauvaises conditions de détention dans de nombreux lieux de privation de liberté » en Côte d’Ivoire « préoccupent » le Comité des Nations unies contre la torture, a affirmé l’organisation internationale.
« Les experts indépendants se sont ainsi inquiétés du +taux très élevé+ de la surpopulation carcérale (près de 3 fois la capacité totale), notamment à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan », a indiqué l’ONU, rapportant les constats du comité dans un communiqué consulté samedi par l’AFP.
Le pays doit « garantir que les besoins fondamentaux des personnes privées de liberté soient satisfaits », souhaitent les experts du comité. Ils déplorent également « les mauvaises conditions de détention dans certains centres de détention, en particulier l’insalubrité et le manque d’hygiène, l’absence de ventilation, la qualité inadéquate de la nourriture et de l’eau, fournies en quantités insuffisantes ».
Ils dénoncent en outre « le manque d’activités récréatives ou éducatives favorisant la réinsertion ». Le comité a aussi été « alarmé par les informations concernant l’ampleur de la violence carcérale, notamment la violence commise par les membres du personnel pénitentiaire sur les détenus et la violence commise entre détenus ».
Il demande à la Côte d’Ivoire de « désengorger les prisons en recourant à des alternatives à la détention ». Le pays dit en avoir appliqué certaines, « telles que le sursis, la remise de peine ou la liberté conditionnelle. De plus, les grâces présidentielles ont permis la libération de plus de 11.000 détenus entre 2019 et 2023 », rapportent les experts.
La Côte d’Ivoire dit également avoir ouvert de nouvelles prisons, ajoutent-ils. Le comité affirme par ailleurs être « préoccupé par l’absence d’obligation de rendre des comptes pour les actes de torture et les mauvais traitements imputables à des agents de l’Etat ».
« En témoigne le nombre limité de mesures disciplinaires et de poursuites pénales signalées. Une situation qui contribue à créer +un climat d’impunité+ », estime-t-il.
L’organe onusien conclut qu’Abidjan doit « prendre les mesures nécessaires pour que toutes les allégations de torture ou de mauvais traitements fassent l’objet d’une enquête rapide, efficace et impartiale de la part d’un organe indépendant ».
En 2022, les prisons ivoiriennes comptaient 23.633 détenus, affirmait le Conseil national des droits de l’homme (CNDH), qui alertait déjà sur une surpopulation carcérale. En 2020, le taux d’occupation des prisons était de 298,2%, écrivait-il.
AFP/Sahutiafrica