Le 8 septembre dernier, le député Ngoyi Kasanji, ancien gouverneur du Kasaï-Oriental et haut cadre du FCC, a avancé l’idée de réformer l’élection du Président de la République. «L’argent consacré à l’organisation des élections dépasse de loin ce qui est consacré aux investissements pour la reconstruction du pays…Faut-il alors réfléchir et engager une réforme qui consiste à aller vers une élection indirecte concernant l’élection présidentielle», a indiqué l’ancien gouverneur sur les antennes de Radio Okapi.
Le professeur Mwayila Tshiyembe, expert en relations internationales, indique que le projet d’élection au second degré du Président ne date pas d’aujourd’hui. «C’est un projet qui date déjà de l’époque Mobutu et qui revient comme une arlésienne. Et chaque fois que les gens sont à court d’idées, ils reviennent avec ce projet d’élection indirecte du président», observe le Professeur.
Il est aussi vrai que ce mode de scrutin est déjà appliqué en Afrique du Sud et en Angola. En Afrique du Sud, tant que la majorité noire demeurera, il n’y aura pas de changement à la tête de ce pays. Les noirs sont majoritaires et les blancs minoritaires. Le sort du pays est déjà scellé.
«La RDC est un pays singulier. Quand vous avez près de 500 tribus ou communauté de destin dans un pays de 2.345.000Km2. Un pays qui fait quasiment toute l’Europe occidentale, il faut faire attention», prévient le professeur Mwayila Tshiyembe.
Election au second degré, danger!
Le principe des élections à deux tours est que le Président de la République soit élu à 50% minimum +1 pour représenter l’ensemble du peuple du Congo. «Evidemment avec la réforme introduite par le régime précédent, on a supprimé le second tour qui était l’espace de rassemblement ou l’étape de rassemblement après que les gens soient divisés sur leurs partis au premier tour. Il y avait la possibilité d’avoir au second tour, le président sortir au minimum avec 50%+1. Malheureusement, cette réforme avait eu lieu, le président est élu dès lorsqu’un des candidats est devant les autres, même avec 15% ou 20%. C’est un danger pour la cohésion nationale et la représentativité du Président de la République» explique le Professeur.
«Demander à ce que le président soit élu par les députés ou sénateurs comme dans les années 60, c’est un danger. Parce que aujourd’hui, il y a des congolais qui ont les moyens financiers et qui peuvent acheter les députés et les sénateurs. C’est ça la crainte de beaucoup de gens. Déjà que, lors des élections provinciales, les gens qui ont de l’argent achètent des députés provinciaux. Avec ça, le pays risque de connaître un sort malheureux. Quel est l’intérêt du pays à vouloir élire le président au second degré? Le Président de la République doit mobiliser le pays, présenter son projet de société. Si son projet obtient l’adhésion des congolais, il est réconforté. C’est ça le principe même de la légitimité», poursuit le professeur Mwayila Tshiyembe, expert en relations internationales.
Jacques Matand’