Insécurité dans l’Est de la RDC: Les FARDC et la Monusco à la barre (Tribune de Serge Gontcho)

La question sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo est complexe. Les deux principaux verrous peuvent être clairement identifiés. Il s’agit de l’armée congolaise et la MONUSCO (Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC). 

Ces deux institutions sont responsables de la sécurité des populations, les FARDC en première ligne, et la MONUSCO en appui. Il y a plusieurs milliers de soldats déployés sur ce territoire congolais et de gros moyens y sont engloutis depuis plusieurs décennies. 

Qu’on ne nous ait jamais présenté un seul ADF capturé est suffisant pour nous convaincre qu’un gros mensonge est monté sur place et entretenu par nos deux équipes protectrices. 

L’armée d’abord souffre de deux grands maux: la présence illégale d’un nombre important d’étrangers en son sein et l’affairisme. Généraux et colonels sont devenus des millionnaires, détiennent biens immobiliers connus de tous à Kinshasa et à l’intérieur, sans que personne ne leur pose la question de l’origine de leurs avoirs. Pourquoi? L’argent des militaires au front qui disparaît, sans parler des unités fictives qui figurent sur les listings de paie et constituent un pactole que se partagent certains membres de la chaîne de la corruption. Il semble que la pieuvre, héritée d’un autre temps est tellement tentaculaire que le Président de la République Félix Tshisekedi ne saurait pas trop par quel bout la prendre. 

L’autre cancer de la situation sécuritaire c’est la MONUSCO, accusée d’affairisme par les populations, voire de complicité avec les assaillants. Interrogée, la réponse de la MONUSCO est invariable. Tantôt, la Monusco vient en appui et non en première ligne, autrement dit elle rejette la faute sur les FARDC et le gouvernement congolais. Dans une intervention radiodiffusée sur Radio Moto à Oicha, le député provincial du Nord-Kivu Alain Siwako a chargé la mission onusienne de tous les maux, appelant la population à se prendre en charge et s’opposer à l’extension de son implantation. Les accusations sont tellement graves qu’il est étonnant que ceux qui en ont la charge ne songent pas à ouvrir ne fut-ce qu’une enquête sur ces allégations.  

Pour sa part, la Conscience Nationale en Action (CNA en sigle), dans le cadre de son projet «Congo de l’est à l’ouest», invite les Congolaises et les Congolais à s’approprier la question sécuritaire. 

A cet effet, elle demande aux personnes détenant des informations sur des immeubles et autres bien luxueux d’officiers de l’armée, qui ne correspondent pas à leurs revenus connus, de les signaler à son adresse mail ci-dessous. 

Ces informations, après un traitement préalable, seront déposées auprès du Président de la République, en sa qualité de Commandant suprême des armées, et au Parlement le mercredi 27 janvier 2021, sous une importante procession de la population, signifiant par là leur attachement à l’unité du pays, leur solidarité avec les compatriotes de l’est, et  leur ras-le-bol de l’immobilisme. 

Quant à la MONUSCO, elle n’est pas dispensée de s’expliquer et à répondre aux préoccupations des populations. On ne peut pas simplement balayer du revers de la main la colère des populations sous prétexte que leur présence ici émane de la demande du gouvernement. 

Toute l’année 2021 sera consacrée à ces mots de feu Laurent-Désiré Kabila « Prenez-vous en charge ». Toutes les organisations de la société civile et les hommes de bonne volonté sont priés de prendre contact avec la CNA pour réussir ce pari de se libérer par soi-même. 

Serge Gontcho, Président de la CNA

Les plus lus

Est de la RDC : neuf personnes en lien avec les violences sous menace des sanctions...

Alors que les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, continuent de gagner du terrain après la prise de Goma et de Bukavu dans...

Est de la RDC/Dialogue avec le M23 : Kinshasa va-t-il répondre à l’invitation de Luanda ?

Alors que Luanda a annoncé le début de dialogue direct entre les autorités congolaises et les rebelles du M23-AFC, soutenus par le Rwanda, Kinshasa...

RDC/Dialogue Kinshasa-M23 : Luanda appelle à un cessez-le-feu avant le début de discussions  

A quelques jours du début du dialogue entre Kinshasa et les rebelles du M23-AFC, soutenus par le Rwanda, la présidence angolaise appelle les parties...

Namibie : premier cas de choléra confirmé en dix ans

En Namibie, les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies ont confirmé le premier cas de choléra en dix ans jeudi 13...

RDC : la revente des bouteilles à Kinshasa, un business rentable ?

Le long de l'ancien chemin de fer dans la commune de Kinshasa, capitale congolaise, s’est transformé en un petit marché de bouteilles. Du lundi...

Sur le même thème

Est de la RDC : neuf personnes en lien avec les violences sous menace des sanctions...

Alors que les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, continuent de gagner du terrain après la prise de Goma et de Bukavu dans...

Est de la RDC : fin du mandat de la SAMIDRC

Ce jeudi 13 mars, la Communauté des Etats d’Afrique australe a mis fin au mandat de la mission militaire dans l’est de la RDC,...

Dialogue Kinshasa-M23 : «c’est une évolution brusque qui donne le sentiment d’un revirement» (Christian Moleka)

Dialogue direct entre Kinshasa et le M23-AFC, processus de Nairobi et de Luanda, prise de Goma et de Bukavu… Christian Moleka, analyste politique congolais...

Soudan du Sud : quand le bloc régional Igad alerte sur le risque d’une guerre

Au Soudan du Sud, où l’accord de paix de 2018 est menacé par l’escalade entre le président Salva Kiir et Riek Machar, son vice-président,...

Est de la RDC : Luanda annonce le début des pourparlers entre Kinshasa et le M23-AFC

Le dialogue direct entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23-AFC, soutenus par le Rwanda, doit s’ouvrir sous la médiation angolaise le mardi...