L’Union européenne a, dans une déclaration sur la situation sécuritaire dans l’est de la RDC vendredi 7 juillet, encouragé les parties prenantes à « s’engager dans un dialogue politique inclusif ».
Pour l’UE, ce dialogue doit respecter l’intégrité territoriale et de la souveraineté de tous les pays de la région ». Elle insiste à ce que « le dialogue soit préféré à la confrontation militaire et estime que les options militaires ne feront que prolonger le conflit, mais aussi les souffrances des populations ».
L’Union européenne dénonce aussi les violences et des atrocités perpétrées en toute impunité contre des civils, notamment par les rebelles du M23, les Fdlr/Foca, les ADF, les milices Codeco-Urdpc et Zaïre/Mapi. Même si elle salue le processus de Luanda et de Nairobi, en se félicitant « des progrès accomplis, jusque-là, avec le déploiement de la force régionale Est-Africaine ainsi qu’aux dialogues inter-congolais ».
Des progrès ? Kinshasa ne voit pas les choses de cette façon. Le président Tshisekedi est clair. Il n’est pas question de dialoguer avec les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, selon les autorités congolaises. En fait, la résurgence de cette rébellion a brouillé les relations, qui oscillent entre tièdes et volcaniques depuis fin des années 90, entre la RDC et le Rwanda. Depuis, les deux Etats, sous tension, s’accusent mutuellement de soutien de groupes armés.
« C’est très difficile de discuter avec le Rwanda puisqu’il renie son véritable rôle. Qui plus est, il veut nous ridiculiser en nous envoyant un groupuscule d’individus qui ne sont que des faire-valoir supplétifs, cherchant à ce que nous allions dans des discussions avec eux pour retomber dans les travers du passé, c’est-à-dire, après les discussions, un groupe va essayer de rentrer dans les institutions, principalement l’armée, l’autre groupe va faire dissidence, pour rester en réserve et se préparer à d’autres agressions », a déclaré le président Tshisekedi lors d’un point de presse aux côtés de Cyril Ramaphosa, son homologue sud-africain, qui a séjourné à Kinshasa durant 48 heures.
D’après lui, le Rwanda vit de ces agressions à répétition et que cette instabilité entretenue de la RDC profite énormément à son économie. « Voilà pourquoi le Rwanda ne voudra jamais discuter et voilà pourquoi la RDC refuse de discuter avec ces pantins que l’on nous présente », dit le chef de l’Etat congolais.
Il affirme « qu’il y a désormais un schéma avalisé qui passait par le cessez-le-feu, le retrait, le cantonnement de ces forces terroristes, et ensuite le programme désarmement, démobilisation et réinsertion ». Sur le terrain, la réalité est autre. Les rebelles du M23 n’ont vraiment bouger des positions qu’ils occupent dans les territoires de Rusthuru et Masisi. Et, ce malgré, les annonces de leur retrait et le déploiement de la force de l’EAC, très critiquée par Kinshasa qui a annoncé le déploiement prochain de la force de la SADC. Selon un rapport d’experts onusiens, la rébellion du M23 a enregistré des nouvelles recrues et compte un effectif de près de 3.000 hommes.
Pointé du doigt, le Rwanda a toujours nié tout lien avec les rebelles du M23. Pourtant, les experts onusiens l’attestent et affirment que « les forces rwandaises ont renforcé les rangs du M23 pour contrôler des points stratégiques ».
Francis Otshudi