Le président kenyan William Ruto a déclaré mardi qu’il était prêt à rencontrer le chef de l’opposition Raila Odinga « à tout moment » après des mois de manifestations anti-gouvernementales qui ont déclenché l’alarme internationale et des appels au dialogue.
« Comme vous l’avez toujours su, je suis disponible pour vous rencontrer en tête-à-tête à tout moment, à votre convenance », a déclaré Ruto dans un message adressé à Odinga sur Twitter, rebaptisé « X ».
Depuis mars, la coalition Azimio d’Odinga a organisé neuf jours de manifestations de rue contre le gouvernement, les rassemblements dégénérant parfois en pillages et en affrontements meurtriers entre les forces de sécurité et les manifestants.
Odinga a annulé les manifestations en avril et mai après que Ruto ait accepté de dialoguer, mais les pourparlers ont échoué, Azimio organisant plusieurs séries de manifestations ce mois-ci.
Au moins 50 personnes ont été tuées dans les accrochages depuis mars, selon Azimio. Les chiffres officiels évaluent le bilan à 20. « Nous assistons à une brutalité policière sans précédent », a déclaré Odinga lors d’une conférence de presse dans la capitale Nairobi plus tôt mardi.
« La police et les gangs engagés ont tiré et tué ou blessé des dizaines de personnes à bout portant », a-t-il déclaré, ajoutant que la violence visait particulièrement sa tribu Luo. Ruto a défendu la conduite de la police, déclarant la semaine dernière : « Nous ne voulons pas d’un pays de violence, de combats ou de destruction de biens ».
La Commission nationale des droits de l’homme du Kenya, un organisme de surveillance indépendant créé par le Parlement, a déclaré mardi qu’il était « décourageant d’être témoin de l’escalade des tensions et du mépris flagrant des principes des droits de l’homme » par les manifestants voyous et la police.
Des groupes de défense des droits, dont Amnesty International, ont dénoncé la semaine dernière la « répression » de la police et ont déclaré avoir des preuves de 27 « exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires » au cours du seul mois de juillet.
Le ministère de l’Intérieur a déclaré mardi que les allégations « d’exécutions extrajudiciaires et/ou de recours excessif à la force (…) sont malveillantes, fausses et destinées à déformer l’opinion publique ».
Inflation en spirale
L’équipe d’Odinga avait appelé à une nouvelle série de manifestations mercredi mais a déclaré qu’elle changeait de tactique pour organiser « des défilés de solidarité et (une) veillée pour les victimes de brutalités policières ».
Dans un communiqué lundi soir, la coalition a demandé « aux Kenyans de venir allumer des bougies et déposer des fleurs, de préférence blanches, en souvenir et en respect pour les victimes ».
Les critiques accusent Ruto de revenir sur les promesses faites lors de la campagne électorale d’août 2022, lorsqu’il s’est déclaré le champion des Kényans pauvres et s’est engagé à améliorer leur sort économique.
Mais l’homme d’affaires de 56 ans, de la misère à la richesse, a augmenté les impôts alors même que le pays ploie sous le fardeau de la spirale de l’inflation.
Odinga, qui affirme que les élections de l’année dernière lui ont été « volées », a déclaré que les manifestations se poursuivraient, malgré la poussée de la semaine dernière pendant trois jours consécutifs de manifestations se terminant par un pétard humide alors que les Kenyans ont largement ignoré l’appel.
Les protestations de l’opposition après la défaite électorale d’Odinga en 2017 se sont poursuivies jusqu’à ce qu’il négocie un pacte surprise avec son ancien ennemi, l’ancien président Uhuru Kenyatta, connu sous le nom de « poignée de main ».
AFP/Sahutiafrica