Dans une prison de Beni, des écoliers témoignent comment ils sont arrêtés par les forces de sécurité. Des images de leur arrestation musclée sont filmées avec des téléphones. Des enfants sont jetés dans des véhicules de la police. Leurs visages juvéniles contrastent avec leur détermination.
Ces élèves sont de Beni, dans la province du Nord-Kivu. Ils ont organisé des marches pacifiques pour se faire entendre auprès des autorités congolaises. Ils réclamaient la sécurité et la paix.
Parmi eux se trouve Jason Katya, président du parlement des enfants de Béni. Ce 1er août, il est venu de Béni pour raconter comment cela s’est passé. Il explique pourquoi ils ont organisé un sit-in. « On ne pouvait pas être à regarder, alors que notre droit à l’éducation est compromis. On ne pouvait plus étudier à cause de l’insécurité et des massacres à Béni. C’est pour cela que nous avons demandé au Président de la République de faire de son mieux pour nous apporter la paix et la sécurité », raconte ce jeune venu de Beni pour témoigner ce lundi 1er août à Kinshasa. C’était à l’occasion de la projection du mini-documentaire qui revient sur la mobilisation de ces enfants.
La salle du Cepas est émue après la diffusion du mini-documentaire « La voix des oubliés »
Dans ce documentaire, les scènes de violences sont parfois insoutenables. Mais, les élèves estiment être dans leurs droits. « Nous passons deux jours à l’école et le reste du temps, nous sommes à la maison. Tout cela à cause de l’insécurité et des tueries des ADF. Des enfants sont tués, des parents aussi, nos camarades et professeurs sont aussi tués. Mais comment continuer à regarder cette situation sans rien faire? », questionne Martine Kahambu, un autre élève de Beni qui témoigne aussi dans le film.
Face à la montée de l’insécurité, le Président Tshisekedi s’est rendu à Beni pour répondre aux questions des enfants et à leur préoccupation. « Je vous ai entendu », avait dit le président congolais lors de son passage. Lorsque les enfants lui ont raconté les violences dont ils ont été victime, Félix Tshisekedi avait demandé une liste des enfants affectés.
« Depuis plus d’un an, un seul enfant a été pris en charge. Sur la liste, il y avait d’autres enfants, mais rien n’a été fait pour eux. En fait, mon message est un appel à l’engagement de tous. Il ne faut pas voir les divisions tribales ou politiques, mais, il faut voir le Congo dans sa globalité pour qu’ensemble, on puisse s’engager pour que la paix revienne à Béni », insiste Jason Katya.
« Nous devons nous engager positivement pour transformer ce Congo. Face aux massacres qui continuent à Béni, nous avons décidé d’agir parce que les aînés ont échoué. Vous qui êtes ici à Kinshasa auprès des décideurs, vous avez plus de moyens que nous les enfants de Beni. Vous pouvez aussi agir pour que nos morts ne tombent pas dans l’oubli », implore Martine Kahambu.
Pour ces enfants, étudier est un droit. Mais, ils ne peuvent pas étudier alors qu’on tue et que l’insécurité se vit au quotidien dans leur environnement. Ils demandent aux autorités de les protéger contre les attaques des rebelles et autres milices. Mais, plus que tout, ces enfants réclament la paix.
Alimasi Kambale