Les contrôles routiers se poursuivent les soirs à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo. Les chauffeurs taxis dont les véhicules jaunes, volants à droite, communément appelés ketch, sont indexés dans les enlèvements qui se produisent depuis quelques temps à Kinshasa, capitale de la RD Congo.
«Mettez-vous sur le côté. Ouvrez les portières et le coffre de la voiture», lance un policier à un conducteur sur l’avenue des huileries, en soirée. Une barrière est dressée au niveau du camp Lufungula.
Le chauffeur et ses clients s’exécutent. Le conducteur avait déjà allumé les lumières à l’intérieur du taxi et baissé toutes les vitres.
Après inspection, à l’avant et l’arrière du taxi, le policier demande au chauffeur de remonter les vitres. «On doit vérifier si les vitres ne sont pas fumées ou “tintin” »insiste le policier. Par vitre “tintin”, il faut comprendre “teintée”.
Le chauffeur remonte les vitres. «Elles sont teintées? Ah vous n’allez plus partir. On saisit ces véhicules qui causent beaucoup de problèmes dans la ville» indique le policier qui continue de fouiller la voiture, alors que certains de se collègues s’affairent à contrôler d’autres taxis.
«Papa, ces vitres ne sont pas fumées, mais teintées ainsi depuis l’achat. On peut même voir à l’intérieur du véhicule à travers la vitre», tente de se justifier le chauffeur.
«Il faudra les remplacer ou bien les casser carrément», propose le policier, à la grande stupéfaction du chauffeur.
Les clients médusés, veulent en savoir plus sur l’affaire des vitres “tintin” (teintées) et fumées pour venir à la rescousse du chauffeur qui se plaint d’avoir déjà laissé des pourboires aux policiers lors de son premier passage.
L’agent de l’ordre demande aux clients de remonter dans le véhicule afin de régler l’affaire avec le conducteur tout seul.
Après quelques minutes d’échanges, le chauffeur revient et déplore le fait d’être continuellement rançonner à chaque passage de barrière.
«Il m’a demandé de lui donner 8000 francs. Je lui ai laissé 3000 seulement. A l’aller, j’avais déjà donné de l’argent. Là, c’est tout l’argent de cette course que je viens de laisser aux policiers. A quoi ça sert de travailler dans ces conditions?» se plaint le chauffeur. Un autre chauffeur, rencontré des jours après, se plaint d’être victime des tracasseries durant ces contrôles routiers alors qu’un policier est à bord de son véhicule. « Papa, ça se passe toujours comme ça. Il faut laisser quelque choses aux agents », encourage le policier.
Depuis près de deux semaines à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, les contrôles routiers se sont intensifiés le soir pour lutter contre la criminalité dans la ville. Plusieurs victimes se sont plaints d’avoir été enlevées à bord des taxi jaune volant à droite, communément appelés Ketch. Pour endiguer le phénomène, les autorités de Kinshasa ont lancé une série de contrôles sur les grands artères de la ville. Conséquence? Baisse du phénomène et hausse des embouteillages les soirs.
Jacques Matand’