Après la pluie terrible entre le 18 et le 19 octobre, nous avons tous perdu la version officielle de la phrase qui existe forcément dans notre hymne national… Tant nous étions tous en mode « kopepa » ou « vider l’eau », si vous le voulez bien, car l’eau n’a pas seulement mouillé nos lits, biens, maisons, argents, mais l’eau a aussi mouillé nos livres, surtout nos livres parce que trop bien souvent on n’en a pas, et mieux encore, cette fichue eau a mouillé notre sommeil.
Nous avons presque tous rêvé de dormir sur la lune. Sauf … nos politiciens ! Nous avons presque tous rêvé de la venue du soleil. Sauf… nos gérants de nos hôtels, motels etc. ! Tout le monde était en insécurité avec mode natation en urgence comme les procédures d’urgence chez l’argentier du pays pour tout, sauf pour nous autres les artistes.
Alors que cette pluie nous a bien mouillé. Cette pluie a plus que mouillé tout le monde. Elle nous a avalé. Et pendant ce temps-là, le gouverneur de cette ville — monde qu’est Kin, la belle poubelle du monde — croit toujours dur comme fer que « Kin ezobonga »…
Cher Gouv, les mêmes causes produisent les mêmes effets, et ces effets, chaque jour, coupent la tête de notre bien-être collectif…
Après on sait déjà la parade que vous prendrez…
Nous peperons ton sol ou nous peuplerons ton sol…
Parce qu’il pleut au pays de la même façon que tombent sur nous les taxes et les impôts. Ah, si seulement à chaque élection, en temps record, la vie du peuple pouvait changer comme celle de ceux qui, avant les élections, nous promettent monts et merveilles pour ensuite nous dire finalement avec beaucoup de facilité et de légèreté : « C’est vrai que j’avais la volonté, comme Satan l’a pour tuer Dieu un jour, en ce qui concerne le bien-être de la population, mais croyez-moi, on ne nous a jamais donné les moyens pour notre politique.
Oui, et c’est vrai, l’État en tout s’occupe bien de nous, mais quand il nous faut avoir les moyens pour le peuple, l’argent, n’y a pas… ». Ce genre de discours, qui incarne souvent de la mauvaise littérature, nous satisfera en tant que peuple jusqu’à quand… En attendant, ceux qui n’ont pas vidé les eaux de leurs caniveaux, quartiers, avenues, maisons, rues, tunnels… bref, ceux qui n’ont pas eu de problèmes de débordement des eaux, ne vous inquiétez surtout pas, il y a assez d’eau pour tout le monde dans le ciel. Chacun aura sa part. La mort, comme l’eau, n’oublie personne…
Nous peperons ton sol ou nous peuplerons ton sol…
Aujourd’hui, « kopepa » ou « vider les eaux » est devenu un atout professionnel. Aujourd’hui, comme Kin est la nouvelle Venise d’Afrique, les gens qui portent d’autres gens sur le dos sont des gens riches maintenant. Faire le bateau est devenu un atout professionnel aussi. À côté, il y a de nouveaux petits bateaux à Kin, des cireurs reconvertis qui vous nettoient les souliers, Ketchs, peu importe la quantité de boue avalée, en les rendant si blancs, plus blancs que la dent de Lumumba (Que Dieu ait son âme pardon, sinon aucun congolais ne devrait aller au Paradis.
Il ira faire quoi là-bas si Lumumba est en enfer ? Pour revenir à l’eau, aujourd’hui même, l’expression « taper l’eau » risque de changer de connotation parce que c’est l’eau qui nous tape de partout et c’est même grâce aux eaux qu’on a pu lire quelque part sous les eaux « On ne construit pas une ville avec des slogans et des prières ».
Visiblement, ce sont les dernières paroles du plus vieux poisson du monde, qui est mort aujourd’hui à cause de la violence des eaux ce matin…
Moi-même je ne sais même pas certifier l’info.
Christian Gombo, Ecrivain