«Wewa». Ce mot “luba”, voudrait dire “toi”. A Kinshasa, il désigne les conducteurs de motos qui utilisaient cette expression pour alerter les passants. Junior Ngandu est l’un d’eux. En 2017, il quitte le Kasaï, centre de la RDC, pour s’installer à Kinshasa. La ville du possible, selon le jeune homme. Il veut réussir sa vie et dans le Kasaï, Junior ne voit plus d’issue. En ce mois, Sahutiafrica va à la rencontre de ces conducteurs de motos de la ville de Kinshasa.
C’est par la route que Junior Ngandu arrive à Kinshasa avec 4.000 FC en poche, près de 2 USD. Son sac à dos contient deux pantalons, une culotte, deux polos et une chemise. C’est tout ce qu’il possédait.
Quatre ans après son arrivée à Kinshasa, Junior gagne près de 900.000 francs congolais par mois et c’est grâce à ses moto-taxis. Il en a cinq et a engagé des travailleurs.
Chef d’entreprise à moto
Comment est-il passé, en quatre ans du revenu de 4.000 FC du débutant moyen à 950.000 FC ? « J’ai obtenu ma première moto grâce à un emprunt auprès d’un oncle. J’avais six mois pour rembourser l’emprunt dans l’exploitation de la moto », confie Junior Ngandu. Après seulement quatre mois de travail, le jeune conducteur de moto réalise qu’il y a des tronçons plus rentables que d’autres à Kinshasa. Uniquement sur le tronçon qui va de la commune de Kinshasa jusqu’à la Gombe, le revenu moyen quotidien est de 12.500FC, un plus de 5$ us. Par mois, cela fait près de 350.000 FC, un peu plus de 150$. Junior travaille chaque jour, même le dimanche.
Au cours de son huitième mois d’activité, Junior explore les grandes artères de Kinshasa, s’installe confortablement et achète deux nouvelles motos. Il engage deux autres jeunes rencontrés à Kinshasa et commence son entreprise. Les revenus quotidiennes ont triplé avec un revenu mensuel de près de 950.000 FC.
Gagner autant que celui qui travaille dans un bureau
Malgré tout, l’ambition de Junior ne change pas. Il est toujours sur sa moto et court après les clients pour une course à travers la ville de Kinshasa. Son secret? « Savoir attirer les clients et fidéliser la clientèle ».
Junior Ngandu est parfois surpris du regard méprisant que certaines personnes à Kinshasa lance aux conducteurs de moto. « Certaines personnes travaillent dans des bureaux et gagnent 200.000 FC par mois. Quand elles parlent à un Wewa, ils le méprise alors que certains conducteurs de moto peuvent gagner le double de leur salaire », sourit-il.
Pour ce jeune entrepreneur, faire des études universitaires ne lui aurait pas permis de gagner autant.
Ali Maliki