Les commerces restent fermés. L’administration publique aussi, la circulation est fluide à Kinshasa, capitale congolaise. Les cimetières sont les seuls endroits qui attirent grand monde en ce 1ᵉʳ août, jour de la fête des parents et des morts.
Des centaines de personnes ont fait le déplacement vers le cimetière de la Gombe, en plein centre-ville, pour se recueillir devant les tombes de leurs proches décédés. Certains sont errants.
« Tu ne retrouves pas le sépulcre ? » C’est la question d’un sans-abri appelé « Sheguey » qui passe ses nuits sur des caveaux. « Dis-moi son nom. Vous l’avez enterré quand ? », demande-t-il à un père de famille, venu se recueillir devant la tombe de son épouse, décédée il y a quelques années. Il est heureux et retrouve la tombe de sa femme.
Les sheguey sont des guides incontournables dans ce site. Michel alias Mbeya-Mbeya est l’un d’eux. Il vit dans ce site depuis un lustre. « C’est ma maison. Je dors et me réveille ici. Je connais l’adresse de toutes les personnes enterrées, parce que je parle avec eux », dit-il avec un léger sourire.
« De jour comme celui-ci, nous recevons des gens, qui ont fait des années sans même nettoyer les sépulcres de leurs proches. Moi et mes potes, nous le gardons et le nettoyons. Aujourd’hui, c’est le jour de la récolte », se réjouit-il. Pour Michel, aucun de ses services n’est gratuit. Même s’il n’a pas non plus un prix fixe.
China Rambo, c’est l’un des membres du gang, “Ba sheguey ya Mandela”, il passe ses nuits sur ce site.
« C’est sur le boulevard que nous cherchons l’argent en demandant aux personnalités qui passe par là. Je maîtrise même leur plaque d’immatriculation. Mais aujourd’hui, c’est ici qu’il y a du jus, on peut même réunir 500 Usd de recettes seulement, en mendiant comme nous le faisons », confie-t-il à Sahutiafrica. Lui et son ami Niska guide les visiteurs et les aident à nettoyer et à repeindre les tombes.
Ces sans-abris affirment qu’ils collaborent aussi avec les agents de l’ordre, commis à la sécurité de ce site, pour dénoncer les cas de vols et de profanation de tombes.
« Des voleurs viennent chercher des cercueils et des monuments funéraires faits à base des matières première. D’autres volent même des vêtements des morts. J’ai déjà dénoncé deux personnes. Ils ont tous écopé des peines d’emprisonnement ferme à ce jour », laisse entendre Michel Mbeya-mbeya.
Joe Kashama