A l’occasion de la fête internationale du travail célébrée le 1er mai de chaque année, le site d’information panafricain Sahutiafrica vous propose une série de reportages pour vous présenter différents travaux qu’exercent les Congolais et comment ils s’y prennent. Nous débutons avec la cordonnerie, un métier noble mais qui manque un accompagnement le gouvernement.
Des étalages entassés. Des paires de chaussures y sont étalées. Des femmes et des hommes vendent des files, des cols et d’autres articles de fabrication. Mais aussi de réparation des chaussures. Nous sommes dans le marché dénommé « Wenze ya Libulu » (le marché du trou), situé dans la commune de Barumbu, en plein cœur de Kinshasa, la capitale. Dans ce marché, l’on vend des différents matériels de cordonnerie.
Un débrouillard plutôt qu’un travailleur
Mamale, personne vivant avec handicap, est cordonnier depuis une vingtaine d’années. Son atelier est non loin du marché. Il fabrique et répare les chaussures, même s’il ne se considère pas comme un travailleur. « Je ne suis qu’un débrouillard. Cette fête ne me concerne pas », lâche Mamale sous son cache-poussière bleue.
L’heure de la fermeture approche, Mamale espère toujours avoir des potentiels clients. Mais ils se font rare. « Ce travail est vraiment pénible dans ce pays. Malgré notre savoir-faire l’Etat ne met aucun moyen à notre disposition pour nous permettre de le faire dans les standards internationaux comme ailleurs », se désole-t-il.
Dans l’atelier de Mamale, il n’y a pas du courant. Le cordonnier affirme qu’il ne sait pas bien travailler faute d’électricité. Mais Mamale n’a pas d’autre choix. « Ce métier me permet à peine de subvenir aux besoins de ma famille », souffle-t-il.
«…On a beaucoup d’idées, mais on manque des moyens»
Un peu plus loin, sur l’avenue Kasaï toujours à Barumbu, un autre cordonnier alias Maître Céda utilise un induit, sous une canicule, pour limer le talon d’une chaussure. Contrairement à Mamale, M. Céda se considère comme un travailleur. Il espère qu’un jour « son métier sera accompagné par le gouvernement ».
« Ce métier est noble. Il nous ouvre plusieurs opportunités. J’espère qu’un jour nous serons comptés parmi les grands pays de cordonnerie », croit Maître Céda, noir de peau et vêtu en habit d’ouvrier.
Pour lui, « le manque de moyens est criant pour la meilleure pratique de leur métier ».
« Ce ne sont pas les idées qui manquent. Je suis capable de faire de belles créations. Mais seulement, il n’y a pas de moyens. Le gouvernement ne nous appuie pas », dit-il. Père de deux enfants, Maître Céda a plus de 17 ans dans ce métier de cordonnier, devenu son gagne-pain.
Joe Kashama