Débats sur la littérature congolaise, échanges houleux sur l’instabilité dans l’est de la RDC, conférence, atelier, pièce de théâtre… La première édition du festival Buku a fermé ses portes à Kinshasa, capitale congolaise, dimanche 7 mai.
Académie de Beaux-arts. Les activités se déroulent dans la salle d’exposition, où écrivains, paroliers, bédéistes, journaliste et pasteur se sont succédé. A l’entrée de cette salle, des livres sont exposés dans les stands de différentes maisons d’édition. La plupart de livres sont des écrivains congolais, africains, européens… « Il y a de l’engouement depuis vendredi. Les gens viennent acheter les livres et les auteurs font des dédicaces », souffle une dame croisée devant le stand de la maison d’édition Ya Africa.
Il est 19 heures passées de plusieurs minutes. Devant des écrivains, libraires, lecteurs, journalistes… Marie Sambay, initiatrice du festival Buku, affirme que cette première édition est un pari gagné. « C’est un pari qui était difficile parce que je pense que tout le monde n’a pas misé sur nous. Mais les auteurs, les libraires, les paroliers, les éditeurs et les distributeurs. Tous étaient présents », se réjouit-elle.
Durant trois jours, ce festival a eu les allures d’un voyage culturel, mais aussi d’un contact entre des auteurs et des lecteurs. Si certains livres s’arrachent comme le pain, des auteurs ont eu le temps d’échanger avec le public. « Je me suis retrouvé à 100%, dit Israël Bongo, activiste panafricain et passionné de la littérature. Ce festival nous a permis de créer ou de renforcer le lien avec notre culture. Tout ce qui s’est déroulé durant ce festival prône les valeurs africaines et permet aux Africains de faire encore un recours vers la connaissance de soi ».
Le samedi, un débat houleux autour de livre « Rwanda, assassins sans frontières » et du roman « Ainsi sont faites les lianes » a animé le festival de littérature. Une confrontation entre l’enquête de la journaliste britannique Michealla Wrong et le roman de l’écrivain Godefroy Mwanabwato. Les deux auteurs parlent de la tragédie dans l’est de la RDC, où des groupes armés tuent et violent depuis plus de deux décennies, dans leurs œuvres.
Les débats sur la littérature congolaise et russe étaient aussi au centre des échanges. « On a eu une fréquentation record. L’ambiance était à la fête, malgré des sujets graves dont on a parlé. On a montré qu’en RDC, on parle de tout. Et qu’on n’a pas peur d’affronter nos problèmes, de se remettre en question et de planifier pour créer une industrie du livre aussi forte qu’ailleurs », se convainc Marie Sambay.
Pour elle, il s’agit de montrer que la littérature congolaise est toujours vivante. « On est là pour soutenir les auteurs et l’industrie. On essaie de sensibiliser le grand public, mais aussi des autorités sur l’importance des écrits en langue nationale et en français », affirme Mme Sambay.
Le festival Buku se clôture par le lancement du prix Patrice Emery Lumumba. Il va primer une œuvre écrite sur les idéaux de Lumumba, héros de l’indépendance de la RDC. « Il faut encourager les auteurs à écrire et, surtout, les jeunes auteurs à participer à des concours et à se frotter à la concurrence. Il faut aussi perpétuer les idéaux qui ont été prônées par notre héros national : idéaux de paix, panafricanisme, autodétermination de peuples », explique Marie Sambay.
Cette première édition du festival Buku a été organisé par des libraires, écrivains, des éditeurs congolais.
Trésor Mutombo