Réputé pour ses joutes verbales, ses coups de gueule, et ses dénonciations musclées de la réalité sociale en RDC. Bob Elvis, rappeur congolais, rajoute une couche dans « Boza Batu To Ba Niama », son nouveau single sorti ce jeudi 10 août.
« Sokola parlement ! Opération sokola parlement (nettoyer le parlement durant les élections en français) », répète l’artiste dans ce morceau de 3 minutes 46. Sans détours, Bob Elvis exprime un ras-le-bol.
D’abord contre la classe politique congolaise. Dans le clip, plutôt sobre, tous les cadors sont représentés, à travers de petits masques arborés sur les visages des figurants, on y voit toutes les têtes d’affiches de la politique congolaise, pouvoir et opposition, réunies.
Éclectique et fidèle à lui-même, le rappeur ne ménage personne, tout le monde est mis dans le même panier, celui des menteurs, des corrompus, des mythos… des personnes sans cœur, qui font souffrir leurs propres frères, une fois arrivées au pouvoir.
La faute, le rappeur ne l’incombe pas qu’aux seuls politiciens, qui se croient tout permis, d’après lui. Bob Elvis s’insurge aussi, et d’ailleurs plus contre la naïveté du peuple, qui a tout normalisé : la corruption, le tribalisme, l’extrême pauvreté, la distraction, la polémique… Un diagnostic frustrant que pose le rappeur.
« Toza Batu To Ba Niama ? » entendez « Sommes-nous des humains ou des animaux ? », s’interroge le jeune rappeur avec vigueur dans le refrain.
Dénoncer oui, mais le rappeur ne se limite pas qu’à ça dans son morceau. En observateur de la société congolaise, il propose une thérapie, un début de solution au problème : sanctionner tout le monde lors de prochaines élections prévues en décembre 2023. L’artiste appelle les jeunes, plus nombreux dans ce pays, à prendre leurs responsabilités en main, et à nettoyer le parlement, pour faire de la place à ceux qui peuvent mieux faire.
Plus qu’un simple morceau, ce titre est une alerte, un appel à la révolte, au réveil, à la prise de conscience. Il est aussi un tableau sombre qui peint et dépeint l’échec de la classe politique congolaise dans son ensemble, qui n’a réussi qu’une chose : réduire à néant les espoirs de tout un peuple promis à un grand destin…
Dinho Kazadi