En RDC, l’opposant Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle, a été empêché de se rendre dans le Kongo Central, où il devait tenir un meeting. Si les autorités justifient cette décision par des impératifs sécuritaires, l’opposition dénonce les dérives dictatoriales du régime Tshisekedi.
« Je viens d’écouter le gouverneur du Kongo-Central avec tous les services de sécurité. Il m’a laissé entendre qu’il n’a jamais refusé l’organisation des manifestations dans sa province, mais qu’il avait posé quelques préalables, notamment, ajourner la tenue des manifestations de deux jours », a réagi Peter Kazadi, ministre congolais de l’Intérieur, au lendemain de cet incident. D’après lui, le parti de Moïse Katumbi a refusé de reporter ses activités.
Mardi 23 mai. Route de Matadi à Mitendi, à la sortie de Kinshasa. Chants, acclamations… Escortés par quelques dizaines de militants, Moïse Katumbi et ses collaborateurs sont en direction du Kongo Central. Mais ils se voient obligés de rebrousser chemin. Obstacle ? Un escadron de policiers les empêche de passer. Et même lorsque le président d’Ensemble demande à se rendre dans cette province en tant que simple citoyen. Sans mener des activités politiques. La police reste de marbre. Pourquoi ? L’ordre est venu du gouverneur.
Aussitôt, Guy Bandu, gouverneur du Kongo Central, a été rappelé à Kinshasa « toutes affaires cessantes » pour consultation, selon une correspondance du ministre de l’Intérieur. Mais la veille de cet incident, le gouverneur du Kongo Central avait demandé à Ensemble, parti de Moïse de Katumbi, de reporter ce déplacement d’un seul jour au lieu d’une semaine et limiter ses activités à un lieu déterminé à l’avance.
Dans l’opposition, cet incident est perçu comme une dérive dictatoriale du régime Tshisekedi. « Je trouve cette obstruction aux libertés de Moïse Katumbi comme anticonstitutionnelle et inacceptable. Cette violation des droits de l’homme rappelle la dictature », a dénoncé le sénateur Augustin Matata, opposant congolais et ancien Premier ministre.
Pour Delly Sesanga, un autre leader de l’opposition, la « dérive du régime atteint un point de rupture du pacte républicain qui appelle à son rejet total ». Il évoque notamment l’article 64 de la Constitution.
Après la manifestation de l’opposition réprimée samedi, cet incident illustre le bras de fer, déjà tendu, qui oppose le pouvoir à Moïse Katumbi, son allié d’hier devenu un farouche opposant.
Entre-temps, le climat politique se crispe. L’opposition appelle à manifester devant le siège de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) ce jeudi pour dénoncer un processus électoral chaotique. Cette manifestation est interdite par les autorités de la ville.
Trésor Mutombo