Ce samedi 30 avril, la RDC célèbre la journée de l’enseignement. A Kinshasa, capitale congolaise, le ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et technique a organisé un défilé sous le thème : « la gratuité de l’enseignement primaire, garantie l’éducation pour tous ». Mais quel est le statut de l’enseignant congolais aujourd’hui, ses conditions de travail, l’avenir de sa profession et le sien ?
« Ma retraite n’est plus loin, mais je n’ai même pas un terrain à laisser comme héritage à mes enfants. Pourtant, j’ai enseigné beaucoup de personnes dans ma vie. Plusieurs, d’entre eux, sont aujourd’hui des cadres dans la société. Mais comme tous les autres, ceux-ci ne font aucun effort pour résoudre ce problème », se désole Raphaël Kaku, enseignant d’une école à Kinshasa.
Conditions de vie difficile
Assise devant la porte de sa maison, Josée Miezi, de tient foncé, prépare sa leçon du jour, alors que le soleil tape. Mme Miezi, la cinquantaine révolue, est veuve et mère de quatre enfants. Pour survivre avec ses enfants, elle combine son travail avec le commerce de boissons sucrées. Difficile de joindre les deux bouts du mois avec son salaire d’enseignante.
« L’enseignement, c’est toute ma vie. J’ai déjà totalisé 30 ans dans ce travail. Bien que les réalités ne sont pas faciles. Je me sacrifie pour assurer l’avenir de mes encadrés », confie-t-elle. Josée Miezi espère tout de même que leurs conditions socio-professionnelles finiront par être améliorées ». « J’espère que je me réjouirai de mon travail au moment venu », croit-elle.
«Parfois, je regrette le fait que j’exerce ce métier»
Josué Balinga, enseignant dans une école privée, dit être dégoûté par le métier d’enseignant, même si l’enseignement reste sa passion qu’il combine avec une mission pastorale.
« Parfois, je regrette le fait que j’exerce ce métier. Nous ne méritons pas tout cela. Mais c’est ce qui nous arrive quand même », déplore-t-il. « Ça fait six mois depuis que notre préfet a voyagé sans nous payer. Entre-temps j’ai une famille à nourrir et des responsabilités à assumer », relate Josué Balinga.
Malgré la précarité et ses occupations ecclésiastiques, M. Balinga veut toujours être « à la hauteur ». « Mais ce travail, dont je me donne à fond ne fait que me décevoir », souffle-t-il.
Alphonsine, quant à elle, ne mâche pas ses mots. Elle dit ne pas voir l’importance de célèbre la journée de l’enseignement lorsque les enseignants vivent dans la précarité. « Nous célébrons la journée de l’enseignement sans se soucier des personnes qui exercent ce métier. Cet argent qu’ils gaspillent pour organiser une activité le 30 avril peut bien servir à autre chose », pense l’enseignante à la soixantaine révolue.
Mervedie Mikanu