Lundi 13 juin, César Atoute Badiate, chef d’une faction militaire du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC, rébellion indépendantiste) et un membre de ce mouvement rebelle, Omar Ampoï Bodian, ainsi qu’un journaliste, René Capain Bassène, ont été condamnés à la prison à vie par le tribunal de Ziguinchor.
Leur avocat, Me Ciré Clédor Ly, dénonce « une escroquerie judiciaire ». Il a annoncé un appel pour Omar Ampoï Bodian. Par contre M. Bassène avait déclaré qu’il ne ferait pas appel s’il était condamné. L’avocat, a rappelé que les victimes (rescapées) ont dit à la barre qu’elles ne reconnaissaient pas les accusés, et ne les ont jamais vus. « Ce sont des aveux qui leur ont été prêtés, décrédibilisant toute l’enquête, en plus des tortures subies par des prévenus », a-t-il dit.
Le tribunal a suivi les réquisitions prononcées par le parquet en avril. Seize personnes répondaient de vol en réunion avec usage d’armes, assassinat, prise d’otages, séquestration, insurrection armée et association de malfaiteurs, en relation avec la mort, le 6 janvier 2018, de quatorze hommes partis chercher du bois dans la forêt protégée de Bayotte, proche de Ziguinchor. Ils avaient été rassemblés puis tués froidement par des individus armés.
Onze prévenus ont été acquittés et deux condamnés à six mois de prison avec sursis. Le journaliste René Capain Bassène était au moment des faits employé au service de communication d’une Agence pour la reconstruction de la Casamance. Il a été présenté comme le cerveau du massacre, ce qu’il a contesté au cours du procès.
La Casamance, séparée du nord du Sénégal par la Gambie, est le théâtre d’un des plus vieux conflits du continent depuis que des indépendantistes ont pris le maquis. C’est après la répression d’une marche du MFDC en décembre 1982. Ce conflit a fait des milliers de victimes, et ravagé l’économie de cette partie frontalière du Sénégal et de la Gambie.
Après un moment de dégel, l’armée sénégalaise a lancé une nouvelle opération contre la rébellion en mars.
Dinho Kazadi