La veille d’un procès en appel dont pourrait dépendre son éligibilité à la présidentielle de 2024, Ousmane Sonko, opposant sénégalais et candidat déclaré, a décidé de ne plus répondre « aux convocations des juges sans garantie pour sa sécurité ».
« On n’a jamais vu dans le monde entier un citoyen convoqué au tribunal (et) qui s’y rend, faire l’objet d’autant d’acharnement, d’autant de brutalité et de tentative presque de liquidation physique », a-t-il dit dans une déclaration sur les réseaux sociaux.
Pour lui, ce n’est plus de la justice, mais il s’agit du banditisme judiciaire. « C’est pourquoi j’ai pris la décision, toujours dans le cadre de ma campagne de désobéissance civile, de ne plus collaborer avec cette justice. Si la justice, si l’Etat ne peuvent pas garantir le minimum de sécurité, je ne me présenterai plus devant cette justice pour répondre à quoi que ce soit », a déclaré M. Sonko.
L’opposant a maille à partir avec la justice depuis deux ans et le dépôt d’une plainte contre lui pour viols. Il clame son innocence et crie au complot du président Macky Sall pour l’écarter de la présidentielle.
Son procès pour « viols et menaces de mort » après une plainte d’une employée de salon de beauté de Dakar est audiencé le 16 mai.
L’opposant est, dans une affaire distincte, poursuivi par le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, pour « diffamation, injures et faux ». Il a été condamné en mars en première instance à deux mois de prison avec sursis et 200 millions de francs CFA (300.000 euros) de dommages et intérêts. Le procès en appel se tiendra lundi. Son éligibilité pour la présidentielle de 2024 pourrait être remise en cause par une condamnation plus lourde en deuxième instance.
Les rendez-vous de M. Sonko avec la justice sont communément sources de tensions et de quasi-paralysie de Dakar. Il s’y rend généralement avec un cortège de sympathisants.
En 2021, son interpellation alors qu’il se rendait en cortège chez le juge dans l’affaire de viols présumés avait contribué à déclencher plusieurs jours d’émeutes qui avaient fait au moins une douzaine de morts.
Le 16 février, il avait été sorti de force de son véhicule par les forces de sécurité après s’être rendu au procès en diffamation finalement renvoyé au 16 mars. Un mois plus tard, les forces de sécurité l’avaient aspergé d’un gaz et à nouveau extrait de sa voiture. Le président Sall a accusé M. Sonko de se servir de la rue pour tenter d’échapper à la justice.
AFP/Sahutiafrica