Je ne t’imaginais pas comme ça, Toi Goma, Toi Bukavu, et encore moins ce lac dont j’entends parler depuis longtemps, être ce qu’il est : l’étendue d’un ciel infini… Moi, ce que j’aime voir dans une ville, ce sont les gens. Pas ceux qui font semblant, mais les vrais gens, ceux qui transportent chaque jour le caillou qu’ils vont casser, ceux pour qui l’article 15 est une réalité.
Ces gens-là, ce sont mes gens, des gens authentiques qui donnent la véritable température de la réalité d’une ville. Merci à toutes ces magnifiques personnes que j’ai rencontrées par hasard et que je n’oublierai jamais. Les écrivains n’oublient jamais rien. Ils sont comme des machines à écrire, avec en plus une mémoire qui fixe le passé tout en figeant le présent…
Villes hautes, lac grandiose…
Je dois l’avouer : je ne pensais pas voir tant de belles choses. L’organisation, le sérieux, le goût de l’effort, et tous ces sourires qui t’ouvrent les portes de l’inconnu. Goma et Bukavu, des villes dans une ville. Des gens dans l’Homme. L’Homme congolais vit avec ses craintes et ses ambitions qui combattent le désespoir. Oui, il y a la guerre, des problèmes de sécurité, comme partout dans le monde.
Oui, il y a des conflits, des divorces, des assassinats, des vols, des viols, des bombardements, mais ce ne sont pas des réalités permanentes, encore moins des réalités propres à ces deux villes qui se caressent sans sexe par le ventre de ce lac qui crie haut et fort. Il y a aussi des mariages, des gens qui s’aiment, qui étudient, mangent, boivent, et qui portent leur espoir dans le désert de l’amour pour que nous puissions toujours dire : le Congo, c’est un seul pays, nous sommes un même peuple. Goma et Bukavu des gens qui travaillent et tiennent bon dans un climat de montagne qui annonce les couleurs de la sérénité …
Villes hautes, lac grandiose…
Au milieu du lac, j’ai vu Dieu, et Il m’a dit… ! Alors, quand la vie chante, quand l’espoir fait vivre, quand l’amour danse avec les vents du lac, quand le gaz du lac vous salue sans intention de vous tuer, quand les poissons dansent avec l’énergie de la vie, quand les montagnes vous accouchent enfin d’un grand rayon de soleil, nous ne devons jamais oublier toutes ces personnes qui meurent gratuitement à cause d’une classe politique rwandaise irresponsable qui essaie partout de vendre l’image d’un ange.
Qui ne sait pas que Lucifer était aussi un ange de lumière ? L’histoire nous vengera ! Un jour, nous écrirons les plus belles pages de notre pays, et force à tous nos FARDC et Wazalendo qui se battent chaque jour au péril de leur vie pour nous redonner ce qui nous appartient. À mon réveil, je me dis : « Maudit soit-il ». Maudit soit Kagame et sa compagnie, qui téléphonent partout dans le monde avec ces téléphones liquides que sont nos sangs…
Christian Gombo, Ecrivain