Tragédie en Guinée, où un match dédié au général Mamadi Doumbouya, chef de la junte guinéenne, se termine par une bousculade mortelle. Bilan ? Au moins cinquante-six supporters sont morts dans le stade de N’Zérékoré.
D’après la presse locale, les événements sont présentés comme des heurts entre supporters. Ils ont été, dans un premier temps, déclenchés par l’expulsion d’un ou deux joueurs suite à une pénalité aux dépens de l’équipe de Labé à la fin de la partie. Ce club affrontait la sélection locale en finale d’un tournoi doté d’un trophée Mamadi Doumbouya. Sur place, la panique s’est rapidement installée.
En fait, elle a créé un mouvement de foule incontrôlable. Dans la bousculade, des personnes ont été piétinées et d’autres blessées en tentant de fuir. Les officiels, dont deux ministres, ont été empêchés de quitter les lieux. Une situation qui a provoqué des jets de pierres et des tirs de lacrymogènes par les forces de sécurité.
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« Les milliers de personnes qui se retrouvent au stade ont été prises de panique et de peur. C’était le sauve-qui-peut. Les manifestations de mécontentement vis-à-vis des décisions arbitrales ont entraîné des jets de pierre de la part des supporteurs, provoquant des bousculades mortelles », explique le gouvernement.
Les tournois de football sont classés au premier plan dans la catégorie de sport. Ces dernières semaines, les rassemblements populaires en hommage au chef de la junte se multiplient. Ils sont largement intégrés comme pertinents d’une campagne de promotion d’une candidature du général Doumbouya à une future présidentielle.
Lors de ce match, une foule se pressait dans le stade vétuste de la deuxième ville du pays, en Guinée forestière aux confins du Liberia et de la Côte d’Ivoire. C’est à 900 km et deux jours de route de la capitale Conakry, montrent des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. Ces vidéos montrent des scènes de grande confusion, avec des personnes escaladant ce qui semblent être les murs d’enceinte du stade pour échapper. Pourtant, d’autres prenaient la fuite en courant dans des nuages de poussière ou de gaz.
De nombreux corps inertes allongés dans la rue ou les uns à côté des autres dans ce qui pourraient être des centres de soins. Dans un communiqué, le Front national de défense de la Constitution, une des dernières voix dissidentes parle de campagne de propagande. Il accuse le pouvoir d’être directement responsable du drame.
« Mamadi Doumbouya et son gouvernement sont directement responsables de cette catastrophe qui a coûté la vie à des citoyens innocents, parmi lesquels de nombreux enfants. Cela démontre une instrumentalisation cynique du sport par la junte, exploitant ces images de mobilisation à des fins politiques », a écrit ce mouvement dans un communiqué.
Mamadi Doumbouya a pris le pouvoir par la force en septembre 2021. Il a renversé le président civil Alpha Condé. La junte s’était initialement engagée, sous la pression internationale, à céder la place à des civils élus avant fin 2024. Elle a fait savoir depuis qu’elle manquait à sa promesse.
Sur les réseaux sociaux, Alpha Condé a exprimé une indignation sans borne dans un contexte où le pays est déjà marqué par des tensions et des restrictions. Pour lui, ce drame met en exergue les dangers d’une organisation irresponsable et d’un manque de préparation adéquate. Depuis, le général Doumbouya appelle au calme et à la sérénité. Mais ces éléments rappellent la répression d’un rassemblement de l’opposition sous le régime du capitaine Dadis Camara, condamné à 20 ans dans le procès du massacre du 28 septembre.
Josaphat Mayi