Après la pluie, Kin ezobonga (Carnet de Christian Gombo)

Oui, c’est vrai, ce n’est pas un magicien. Oui, c’est vrai, ce ne sont pas les photos avec les Hommes de Dieu qui vont arranger Kin. Oui, c’est vrai, les petites pluies font des grands lacs et des grandes rivières, mais le débordement, sans doute dû au réchauffement climatique, n’est pas que l’affaire du premier citoyen de la ville.

 

Oui, c’est vrai, le premier citoyen de la ville ne dort presque jamais depuis qu’il est Gouverneur, car il veut arranger Kin mieux que ceux qui l’ont détruit depuis plus de 60 ans. Ils ne sont même pas inquiets ces personnes-là. Elles sont plutôt au calme et toujours aux affaires, toujours en train de bosser pour le peuple. Et c’est vrai : grâce à eux, on sait maintenant qu’il ne faut plus seulement acheter des motos à Kin, il faut aussi acheter des bateaux, des pirogues… et il faut ajouter cela dans toutes les dots du pays parce qu’il faut réduire le pouvoir d’achat de tout le monde en augmentant le coût du mariage pour tous…

 

Après la pluie à Kin : Kin ezobonga !

 

Ce sont les embouteillages monstres, des embouteillages monstrueux, et surtout le taximètre qui décolle. Les courses de moto, de taxi ou même de taxi-bus deviennent plus chères que le billet d’avion pour aller au Paradis. Et par magie de nouveaux emplois sont créés : les porteurs ! Ces porteurs vous portent sur leur dos partout où vous voudrez au même prix qu’une course normale d’un taxi. Chouette n’est-ce pas. Moi j’attends seulement que les femmes au nom du féminisme positif puissent aussi commencer à faire ce boulot pour me laisser porter par une ou plusieurs femmes. Les dos de femmes c’est beau et reposant. Clin d’œil à toutes mes mamans. Les meilleurs moments de ma vie c’était sur leur dos.

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Il y a aussi les bottes en sachet que les gens se font et c’est très pratique : vous enfilez vos chaussures ou souliers dans des sachets plastiques et ça donne les sensations de marcher sur les eaux. Et le plus beau métier que l’abondance de pluies apporte c’est le lavage de pieds. Waouhhh ! Il faut essayer cela. C’est tellement doux et reposant. Et là aussi, je parle seulement comme les politiciens, je n’ai pas encore essayé, je vais essayer quand certaines femmes s’y adonneront aussi. Parce que moi je suis pour l’emploi de toutes les femmes. Une femme qui travaille peut aider un homme qui ne travaille pas et vice-versa. Et donc bravo au Gouv pour ces nouvelles créations d’emploi.

 

Certainement beaucoup de membres du gouvernement ne le savent pas et donc, il faut vite aller taxer ces gens car on ne peut pas bosser sans donner à Dieu (Dîmes, offrandes, …) et surtout aux gens qui doivent nous servir en se servant mieux d’abord sinon ils seraient de piètres ambassadeurs, nos politiciens (taxes, impôts, … mbote ya likasu, …). De quoi nous faire regretter la gratuité ! Mais en attendant, 21 fois Bunda ou bats-toi, Bunda contre le sort, Bunda contre la faim, la soif, Bunda contre les ventres de caniveaux que la pluie éventre et étale ses organes internes partout, Bunda contre les odeurs des eaux qui sentent tout, mais surtout la poubelle, le pipi et surtout du caca. Bunda, plus de 21 fois pour survivre dans ce pays-poubelle plurielle, pour mériter ta dîme et tes offrandes. Bunda, cher lecteur, ici comme ailleurs, ici la vie appartient à ceux qui se lavent tôt. Si tu n’es pas lavé : ah, t’es foutu ! Okokemba !

 

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Après la pluie à Kin : Kin ezobonga !

 

Le Gouv parlera encore et encore : « Ça n’arrive pas qu’à Kin », oubliant que c’est lui qui nous a fait rêver. C’est lui qui nous a dit que Kin allait devenir le paradis. C’est lui qui nous a fait croire qu’une fois élu, il avait la solution magique pour éclairer Kin comme la peau de notre DG bien-aimé, le responsable de l’électricité du pays. Et dans tout ça, nous, on ne lui avait rien demandé, parce que d’habitude, nous sommes très éparpillés dans la tête.

 

Nous pensons aussi que pour réduire les embouteillages de Kin, il faut d’abord réduire le nombre d’occupants dans les voitures : cela fera plus de personnes dans les arrêts de bus et donc en arrêt, moins de rencontres entre motos, pousse-pousses, taxis, taxis-bus, trains, bateaux, chariots, camions, camions-citernes, camions-remorques, gens, gens pieds nus, gens pieds habillés… Bref, les chauffeurs ne seront plus coincés, si ce n’est serrés, et cela leur permettrait enfin de respecter les codes de la route. Donc, fini les embouteillages…

 

Après la pluie à Kin : Kin ezobonga !

 

Nous, nous sommes là et on attend seulement la dîme et l’offrande présidentielles, parce que nous aussi, ça va faire plus de six ans que nous ne les avons pas encore reçues. Avec déjà, on pourra penser à construire des routes, si Satan ne nous entre pas par dedans… Kin ezobonga et Jésus revient bientôt : quel dieu verrait la différence ? Pardon : article 15 ! To Bunda ! Sinon, ce sont nos maisons en carton et en papier que les pluies dévoreront. Sinon, chez nous, l’électricité sera toujours une fable. Sinon, on va mourir en accompagnant les autres, les autres qui sont au pouvoir et qui sont dans la religion…

 

Christian Gombo, Ecrivain

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