Lundi 18 novembre, Renamo, parti d’opposition au Mozambique, a demandé d’annuler les élections d’octobre remportées par Daniel Chapo, candidat du parti au pouvoir.
Renamo était le plus grand parti d’opposition au Mozambique jusqu’aux élections législatives et présidentielle du 9 octobre qui ont vu émerger le parti d’opposition Podemos, mené par Venancio Mondlane. Cet opposant, qui affirme que les élections ont été frauduleuses, a lancé un vaste mouvement de contestation dans la rue.
« Nous sommes ici pour appeler à l’annulation immédiate des résultats des élections générales », proclamés le 24 octobre, a déclaré le dirigeant de Renamo, Ossufo Momade, lors d’une conférence de presse.
Un gouvernement intérimaire doit diriger le pays jusqu’à la tenue d’élections « libres, justes et transparentes », a-t-il dit.
Selon la Commission électorale, le parti Frelimo, au pouvoir depuis près de 50 ans, a remporté les élections avec près de 71% des suffrages contre 20% pour Podemos et 6% pour Renamo.
« Le processus électoral a été entaché par le bourrage des urnes en faveur d’un parti particulier, par la falsification de notes, la détention de candidats délégués des partis d’opposition et le dépouillement sans la présence des candidats délégués », a déclaré M. Momade.
« Nous appelons les instances judiciaires à prendre des décisions qui garantissent la paix et la réconciliation nationale et respectent la volonté du peuple », a-t-il ajouté.
Les manifestations lancées à l’appel de Venancio Mondlane ont été émaillées de heurts avec la police dans plusieurs villes et près d’un poste-frontière avec l’Afrique du Sud, qui a été fermé par intermittence par les autorités sud-africaines.
Au moins trente personnes sont mortes dans les violences post-électorales depuis le 19 octobre et l’assassinat de deux figures de l’opposition, selon un décompte de l’ONG Human Rights Watch (HRW) il y a une dizaine de jours. Des organisations locales de défense des droits estiment que ce bilan pourrait être beaucoup plus élevé. Selon l’ONG anticorruption Public Integrity Center (CIP), les élections d’octobre ont été les « plus frauduleuses depuis 1999 ».
La mission d’observation de l’Union européenne a signalé des irrégularités avant, pendant et après le vote, notamment des « altérations injustifiées de résultats ».
Le Conseil constitutionnel doit confirmer les résultats électoraux au moins deux semaines avant l’investiture en janvier de Daniel Chapo, le candidat du Frelimo déclaré vainqueur et devant succéder au président sortant Filipe Nyusi.
Parallèlement, le ministère public a annoncé lundi que l’Etat avait engagé des poursuites au civil contre Venancio Mondlane et Podemos, réclamant environ 32 millions de meticais (envion 471.000 euros) de dommages pour les dégâts causés par les manifestations.
Les manifestations ont entraîné la destruction de biens publics et privés, le blocage de routes, de personnes et de biens, a-t-il indiqué dans un communiqué. Le ministère public enquête par ailleurs sur 208 affaires pénales contre le parti Podemos, notamment pour coups et blessures, incitation à la désobéissance collective et complot contre l’Etat, précise le communiqué.
AFP/Sahutiafrica