Au Nigeria, l’assassinat de 16 militaires suscite l’indignation au sommet de l’Etat

Plusieurs responsables politiques et de la société civile ont réagi samedi et dimanche après l’annonce de la mort de 16 militaires, tués dans l’Etat pétrolier du Delta (sud) où ils étaient déployés pour une mission de conciliation entre deux communautés.

 

Le président nigérian Bola Ahmed Tinubu a déclaré dimanche dans un communiqué que les victimes « ont rejoint le panthéon des grands hommes et des grandes femmes qui ont tout donné, avec honneur, au service de notre patrie ».

 

L’armée « a reçu les pleins pouvoirs pour traduire en justice toute personne jugée responsable de ce crime inadmissible contre le peuple nigérian », a-t-il ajouté.

 

Samedi, l’armée nigériane avait annoncé la mort de 16 militaires, tués le 14 mars alors qu’ils étaient déployés dans le cadre d’une mission de conciliation entre les communautés des deux villages voisins d’Okuama, d’ethnie Urhobo, et d’Okoloba, d’ethnie Ijaw, situés le long de la rivière Forcados.

 

« Un civil a également été tué », a ajouté le président dimanche dans son communiqué. « Le chef d’état-major de la défense, le général Christopher Gwabin Musa, a ordonné l’ouverture immédiate d’une enquête », a précisé l’armée samedi, ajoutant que « quelques arrestations ont été effectuées ».

 

 

La presse locale a fait état ces dernières semaines d’affrontements entre ces deux communautés, chacune revendiquant la propriété de terres et se disputant les droits de pêche, qui auraient fait plusieurs morts. Peu de détails sont actuellement disponibles sur les circonstances précises de l’attaque des militaires et les versions divergent.

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« Ce qui se passe aujourd’hui dépasse mon entendement et je ne sais pas comment décrire ceux qui sont à l’origine de cet horrible assassinat », a déclaré dimanche à l’AFP Ighomrore Hope, directeur du personnel du gouvernement local de Bomadi.

 

« Les jeunes de la communauté d’Okuama et les mercenaires engagés par leurs dirigeants pour nous combattre ne nous ont jamais permis de dormir sur nos deux oreilles depuis la fin de l’année dernière », a expliqué à l’AFP Clement Koki, chef du village d’Okoloba, ajoutant « qu’aucune communauté Ijaw n’a tué de soldat ».

 

Un habitant d’Okuama, sous couvert d’anonymat, a déclaré à l’AFP que les déclarations de l’armée étaient « des mensonges » et que « la plupart des soldats présumés morts sont des jeunes d’Okoloba en uniforme militaire » qui avaient « ouvert le feu » contre des habitants d’Okuama, conduisant à une riposte armée.

Ensuite, « les soldats sont venus brûler notre communauté vendredi avec douze canonnières », selon la même source.

 

Les chefs de la communauté d’Okuama étaient injoignables dimanche après-midi.

Contactée par l’AFP, l’agence de secours nationale, la NEMA, a expliqué « ne pas se rendre sur place » pour des « raisons de sécurité ».

 

Appels au «calme»

 

Craignant une escalade de la violence, le sénateur de l’Etat du Delta Ede Dafinone a « appelé au calme les factions en conflit », dans un communiqué samedi.

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« Je souhaite appeler l’armée nigériane à agir discrètement dans cette situation, à ne pas laisser ses émotions prendre le dessus sur son jugement professionnel et à ne pas réduire ses opérations tout en respectant ses engagements auprès des civils à Okuama », a-t-il demandé.

 

« Je souhaite également appeler les habitants d’Okuama à éviter tout acte de violence susceptible d’aggraver cette crise, qui aurait pu être évitée si les deux parties avaient laissé la raison l’emporter ».

 

Le gouverneur de l’Etat du Delta, Sheriff Oborevwori, a affirmé prendre « toutes les mesures nécessaires pour démasquer les auteurs de cet acte ignoble », dans une publication sur les réseaux sociaux samedi.

 

L’avocat et militant des droits humains Femi Falana a imploré l’armée de « résister à la tentation de soumettre les deux communautés belligérantes à une attaque de représailles », dans une tribune au quotidien Vanguard.

 

Il a notamment appelé à ce que des massacres comme ceux d’Odi, dans l’Etat de Bayelsa (sud), et de Zaki Biam, dans l’Etat de Benue (est), survenus respectivement en 1999 et 2001, ne se répètent pas. Dans ces deux cas, l’armée avait exécuté des centaines de civils à la suite de l’assassinat de soldats par les communautés locales.

 

AFP/Sahutiafrica

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