Ce jeudi 19 septembre, le président Azali Assoumani a présidé le Conseil des ministres, apparaissant pour la première fois depuis l’attaque au couteau dont il a été victime il y a près d’une semaine, sur des images vidéo fournies par le secrétariat général du gouvernement.
Sur ces images, le président Azali apparaît en costume, la partie gauche du front recouverte d’un épais pansement. On le voit monter dans sa voiture, puis, souriant, saluer un par un ses conseillers et ses ministres, et enfin assis au bout de la table du Conseil et fouillant dans ses dossiers.
Des journalistes de l’AFP ont vu le convoi présidentiel entrer à la présidence, mais la presse n’a pas été autorisée à y pénétrer.
M. Azali, 65 ans, n’avait plus été vu depuis le 13 septembre, lorsqu’il avait été, selon la présidence, « légèrement blessé à l’arme blanche » par un jeune militaire, alors qu’il assistait aux funérailles d’un notable religieux à Salimani-Itsandra, petite commune surplombant Moroni.
Aucune image de lui n’avait circulé depuis. Les autorités assuraient qu’il allait bien, mais son absence peu commune, 48 heures après l’attaque, aux célébrations de Maoulid (l’anniversaire du prophète Mahomet) à Moroni, événement important dans ce petit archipel de l’océan Indien dont la quasi-totalité des 870.000 habitants se réclament de l’islam, avait suscité des questions.
Touché au cuir chevelu
L’un de ses conseillers et un diplomate avaient par ailleurs indiqué à l’AFP, sous couvert de l’anonymat, que le président comorien avait annulé sa participation à l’Assemblée générale de l’ONU, devant commencer le 22 septembre à New York, un événement qu’il manque rarement.
« Je peux vous assurer qu’il va très bien physiquement et mentalement. C’est son bandage sur la tête qui le gêne (…) esthétiquement », avait indiqué mercredi à l’AFP Msaïdié Houmed, conseiller politique du président Azali, interrogé sur les raisons de son absence.
« C’est le même Azali qu’on avait avant » qu’il ne soit victime de cette attaque, a-t-il affirmé. Les autorités avaient refusé « au nom du secret médical » de révéler la nature ou l’étendue des blessures du président.
Mais le ministre de l’Energie Aboubacar Saïd Anli, premier dans l’ordre protocolaire du gouvernement, avait laissé entendre devant la presse qu’il avait été atteint au « cuir chevelu, une zone qui saigne beaucoup », nécessitant des « points de suture ».
Un témoin de l’attaque, qui avait refusé de donner son identité, avait confié à l’AFP : « l’assaillant était comme fou, il s’est jeté sur le chef de l’Etat », qui se trouvait sur une terrasse de la maison du notable défunt. « Il l’a d’abord attaqué avec un couteau avant de le rouer de coups », avait-il raconté. « Sans celui qui s’est interposé, je crois fort que le chef de l’Etat ne s’en serait pas sorti » vivant.
Pas d’autopsie
Les mobiles de l’attaque restent inconnues. Au lendemain de l’attaque, le procureur de la République de Moroni, Ali Mohamed Djounaid, a annoncé que l’auteur, un jeune militaire de 24 ans arrêté immédiatement après les faits, avait été retrouvé mort le lendemain dans la matinée avant d’avoir pu être interrogé, dans la pièce où il était détenu seul depuis son arrestation.
Le magistrat n’a pas révélé le lieu de sa détention ni quel service de sécurité en avait la garde. Deux enquêtes sont ouvertes, l’une sur l’attaque contre le président, l’autre sur les causes du décès de son auteur, a-t-il indiqué, avant de préciser que son corps avait été immédiatement remis à sa famille, semblant indiquer qu’aucune autopsie n’avait été réclamée par le Parquet.
Conformément au rite islamique, l’auteur a été enterré dès samedi, quelques heures après son décès. Ancien chef d’état-major de l’armée, Azali Assoumani a pris le pouvoir en 1999 lors d’un coup d’Etat militaire. Elu en 2002, il avait rendu le pouvoir en 2006, avant de se faire élire à nouveau en 2016, puis réélire en 2019 en janvier dernier.
Le vote de janvier, contesté, avait été suivi de deux jours de manifestations meurtrières. Ses détracteurs l’accusent d’autoritarisme croissant à la tête de cet archipel de trois îles, situé au milieu du canal du Mozambique, où le président de la République cumule les casquettes de chefs de l’Etat et du gouvernement.
Azali Assoumani a assuré entre janvier 2023 et février 2024 la présidence tournante de l’Union africaine (UA), une première pour un petit pays et un Etat insulaire.
AFP/Sahutiafrica