Au Burkina Faso, les groupes islamistes ont intensifié les attaques contre les civils en représailles contre des communautés refusant de leurs rangs, a annoncé l’ONG Human Rights Watch dans un communiqué publié ce mercredi 18 septembre.
L’ONG indique que le groupe Jama’a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin (JNIM), affilié à Al-Qaïda, a revendiqué la responsabilité de six de ces attaques. La source affirme que ce groupe a émis plusieurs avertissements contre les civils considérés comme collaborant avec l’armée dans le passé.
HRW renseigne que des témoins ont déclaré que cela avait motivé les attaques. « Certains villageois ont été tués après que les autorités les ont forcés à retourner dans les zones d’où les djihadistes les avaient expulsés parce que certains avaient rejoint les VDP », précise l’ONG.
Le rapport de HRW ne mentionne pas l’attaque du JNIM contre des civils qui avaient reçu l’ordre de creuser des tranchées autour de la ville de Barsalogho, dans le centre-nord du pays, fin août. Pourtant, lors de cet événement, des centaines de personnes ont été abattues. Il s’agit de l’une des attaques les plus meurtrières de l’histoire du Burkina Faso.
En fait, la nation ouest-africaine dirigée par la junte est aux prises avec des insurgés islamistes. Certains ont des liens avec Al-Qaïda et l’État islamique, depuis qu’ils se sont propagés sur son territoire depuis le Mali voisin, il y a près d’une décennie.
Ibrahim Traoré, chef militaire de ce pays a fait aux civils de jouer un rôle dans la lutte contre l’insurrection, en recrutant des milliers d’auxiliaires militaires volontaires connus sous le nom de VDP. Il a également plus récemment demandé aux civils de creuser des tranchées défensives.
« Les djihadistes ripostent avec des attaques de plus en plus meurtrières contre les civils », a constaté Human Rights Watch. « L’Observatoire a recensé sept attaques djihadistes entre février et juin, qui ont fait au moins 128 morts parmi les civils. Les insurgés ont ciblé des villages, un camp de déplacés et des fidèles dans une église catholique. Nous sommes entre le marteau et l’enclume », a déclaré à HRW un villageois de 56 ans, cité dans le rapport.
Selon des témoins, l’État islamique du Grand Sahara (EIGS), affilié à l’EI, a revendiqué le massacre de l’église de février. C’était une mesure de représailles contre les chrétiens, qui n’ont pas abandonné leur religion.
Mais dans une lettre, le ministre de la Justice a rejeté l’affirmation de HRW selon laquelle les poursuites pour crimes graves avaient été lentes depuis le début du conflit. Il a déclaré que toutes les violations des droits de l’homme et tous les abus présumés commis par les insurgés ont fait l’objet d’une enquête. Le ministre a également expliqué que les personnes déplacées étaient retournées volontairement dans les zones que les forces de sécurité avaient reprises et sécurisées.
En août, la junte, qui a forcément condamné les rapports de HRW selon lesquels les forces militaires auraient exécuté sommairement des civils soupçonnés de collaborer avec les djihadistes, avait envoyé à l’organisme de surveillance une rare réponse écrite au rapport.
Josaphat Mayi