Lutte contre les discours de haine en période électorale en RDC. Cette question a été au centre d’une conférence organisée par Actualité.Cd, média congolais, mardi 18 juillet à Kinshasa, capitale congolaise.
D’après le professeur Bobo Kitumu, expert de la communication digitale et un des panelistes, les discours de haine peuvent amener à des actes de violences. Ce qu’il montre à travers quelques exemples devant de journalistes, acteurs politiques, membre de la société civile. « L’essor du numérique a créé en nous une sorte d’utopie qui nous fait croire qu’on est dans une liberté et que cette liberté nous sort de la sphère culturelle », constate le professeur Bobo Kitumu.
En RDC, la tension ne faiblit pas entre pouvoir et opposition à l’approche de la présidentielle. Jeudi dernier, l’assassinat de Chérubin Okende, proche de Moïse Katumbi et ancien ministre congolais des Transports, a été retrouvé mort dans sa jeep. Ce qui exacerbe les tensions et, surtout, sur les réseaux sociaux, où certains acteurs politiques, journalistes, sympathisants se déchaînent. Et, s’en prennent à des leaders politiques et à des autorités jusqu’à dénigrer leur communauté ou les traiter d’étranger.
Sans doute, les discours de haine semblent avoir gagné du terrain sur les réseaux sociaux Ces discours peuvent se manifester par la parole, image, caricature, gestes… « Le contexte offre aux discours de haine l’occasion de s’épanouir. Et, le contexte électoral fournit un tel cadre parce que la période électorale est une période de joutes durant laquelle, on doit évincer l’adversaire. On doit produire un discours qui sert justement à l’évincer dans les cœurs des électeurs », argue Jean-Claude Matumweni, professeur de communication à l’Institut Facultaire des Sciences de l’Information et de la Communication (IFASIC).
Il propose quelques pistes pour lutter contre les discours de haine en cette période électorale. Lesquelles ? L’application de la loi, une meilleure éducation de la population, faire mieux se connaître les communautés, la réduction des crises économique et socio-politique et le fake-checking, énumère le professeur Jean-Claude Matumweni. Et, insiste. « Tout ce que nous disons, en ce qui concerne les discours de haine sont prises en charge par la loi ».
Face aux discours de haine, le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) assure vouloir mener sa lutte sur deux axes. « Il s’agit de directive sur les réseaux et médias sociaux, campagne de sensibilisation des acteurs sociaux et politiques pour la décrispation médiatique en période électorale », explique Patrick Shotsha, conseiller chargé des questions politiques, des organisations professionnelles des médias et des relations institutionnelles au CSAC.
En avril dernier, le président Tshisekedi a promulgué la loi sur le code du numérique en RDC. Ce texte prévoit des sanctions contre l’accès non autorisé aux données personnelles, en passant par des usurpations d’identité, des tromperies jusqu’aux informations mensongères, des Fake news et autres diffamations.
« La loi s’accompagne toujours de sanctions. Il faut donc arriver à sanctionner les auteurs de ces discours de haine pour que leur cas serve d’exemple et qu’à la longue, les autres ne soient pas tentés de faire la même chose », préconise le professeur Jean-Claude Matumweni.
Trésor Mutombo