Ce lundi 20 mai, la Cour constitutionnelle doit se prononcer sur la question de savoir si Jacob Zuma, ancien chef de l’Etat sud-africain, peut légalement se voir interdire de se présenter comme candidat aux élections générales du 29 mai.
La décision de la plus haute juridiction pourrait avoir de profondes implications sur le résultat du vote imminent, et les observateurs craignent de violents troubles si la décision allait à l’encontre de Zuma.
Zuma a quitté ses fonctions en 2018, poursuivi par des allégations de corruption, et a été brièvement emprisonné pour outrage. Il a depuis fondé un parti pour défier l’African National Congress (ANC) de son successeur Cyril Ramaphosa.
L’ANC a remporté toutes les élections sud-africaines depuis que le pays est devenu une démocratie en 1994, et Zuma a été le quatrième président du parti entre 2009 et 2018.
Mais son époque est devenue synonyme d’allégations de corruption qui hantent l’ancien mouvement anti-apartheid, et les autorités électorales affirment que la condamnation de Zuma en 2021 l’empêche de voter.
Zuma et son nouveau parti, nommé uMkhonto Wesizwe (MK) en hommage à l’ancienne branche armée de l’ANC, ont contesté cette décision et leur cas sera porté devant la plus haute juridiction lundi.
Le tribunal doit rendre un jugement à 10h00 (08h00 GMT) sur la question de savoir si « M. Zuma (est) disqualifié pour se présenter comme candidat à l’Assemblée nationale ».
Après les élections générales sud-africaines, le président est choisi par les députés parmi leurs propres rangs, donc si Zuma n’est pas sur le bulletin de vote, il ne pourra pas devenir président.
Course serrée
En vertu de l’article 47 de la constitution sud-africaine, toute personne reconnue coupable d’un délit et condamnée à un an ou plus ne peut se présenter aux élections que cinq ans après la fin de sa peine de prison.
Mais le tribunal se prononcera également sur les arguments de l’équipe Zuma selon lesquels la commission électorale a outrepassé ses pouvoirs et qu’une condamnation pour outrage au tribunal, sans appel, ne devrait pas conduire à une interdiction. La décision de lundi pourrait avoir des conséquences politiques profondes et déstabilisatrices.
L’ANC de Ramaphosa est encore presque certain de rester le plus grand parti d’Afrique du Sud après le vote du 29 mai, mais certains sondages indiquent qu’il pourrait avoir du mal pour la première fois à obtenir la majorité absolue.
Le député de Zuma ne fait pas l’objet de bons sondages à l’échelle nationale, mais dans sa province natale du KwaZulu-Natal et parmi les Zoulous, il conserve un soutien : plus de 30 000 partisans l’ont acclamé samedi lors d’un rassemblement au stade de Soweto.
Si sa campagne extérieure coupe la base de soutien traditionnelle de l’ANC, Ramaphosa pourrait être contraint de négocier une coalition avec un ou plusieurs des nombreux petits partis d’opposition du pays pour garantir sa réélection à la présidence.
Toute tentative d’exclure Zuma du scrutin pourrait également déclencher une vague meurtrière de troubles. Les émeutes qui ont suivi son emprisonnement en 2021 ont fait plus de 350 morts.
Flambée du chômage
La respectée Commission électorale indépendante d’Afrique du Sud affirme que des bulletins de vote ont déjà été imprimés avec l’image de Zuma dessus, mais il ne pourra pas siéger en tant que député s’il n’est pas éligible.
L’ANC était la principale force politique dans la lutte des Sud-Africains noirs contre l’ancien régime de l’apartheid et dirige le pays depuis 30 ans.
Mais le parti du leader de la Libération, Nelson Mandela, a connu des difficultés dans les sondages à l’approche du scrutin de cette année, en raison d’allégations de corruption et d’une montée en flèche des taux de criminalité et de chômage.
Un peu moins d’un tiers de la population en âge de travailler est au chômage et le taux d’homicides atteint 84 par jour. Mais le parti de Ramaphosa dispose toujours d’une formidable machine électorale nationale et a supervisé la création d’un vaste système de protection sociale. De nombreux Sud-Africains âgés restent fidèles à son rôle historique.
AFP/Sahutiafrica