Pour son retour à la Coupe d’Afrique des nations (CAN), la RDC a atteint le dernier carré. Si le parcours des Léopards est élogieux, le sélectionneur Sébastien Desabre a encore un grand chantier à bâtir.
En terres ivoiriennes, les Congolais ont disputé sept matchs. Au pied du podium, les Léopards, absents lors de la dernière édition au Cameroun, ont réussi leur retour. Même si leurs prestations ont, à chaque fois, laissé un goût d’inachevé, caractérisées par le manque d’efficacité devant le but. Le technicien français de 47 ans sait qu’il y a encore du chemin à faire, mais il est fier de la performance de son équipe.
Retour sur l’échiquier continentale
Lundi 12 février, Sébastien Desabre et ses hommes sont rentrés d’Abidjan. Sans médaille, mais accueillis en héros et félicités par le président Tshiseked, grand fan de football. « Nous sommes extrêmement fiers, moi, le staff et les joueurs, d’avoir remis la RDC à sa place au niveau continental et de savoir que dans un proche avenir, il faudra compter avec sa sélection », a glissé Desabre devant un parterre de journalistes au siège de la Fédération congolaise de football association (Fecofa).
7 matchs. 2 victoires, dont 1 après la séance de tirs au but. 2 défaites, dont 1 aux tirs au but et 4 matchs nuls. La sélection congolaise a suscité beaucoup d’espoirs. Célestin Kabala Muana Mbuyi, expérimenté journaliste sportif congolais, lui, n’est pas surpris par la CAN réalisée par Chancel Mbemba et ses coéquipiers. La raison ?
Organisation
« Il n’y avait pas d’assurance qu’ils pouvaient réussir un tel parcours. Mais, je pense que c’était possible pour eux. Ce qui me rassurait, c’était le fait qu’on ait pu avoir un ensemble cohérent. L’équipe a développé un jeu d’ensemble et avait un esprit corps », commente cet observateur du football. Pour lui, l’équipe a évolué dans la sérénité, contrairement aux éditions précédentes.
En fait, l’image de la sélection congolaise a beaucoup changé depuis l’arrivée de Sébastien Desabre, sélectionneur-manager. Aussitôt arrivé, l’homme a pris ses marques et a imposé sa méthode, redonnant une âme à une équipe en perte de repères.
« A chaque fois, on parlait de problèmes d’argent et autour de Léopards, des gens qui dictaient leur loi et imposaient des joueurs à l’entraîneur. Cette fois-ci, je crois que l’entraîneur a été responsable et a eu un calme olympien. Il a travaillé et a décidé lui-même sans qu’il ait des impositions de la part de dirigeants de clubs, de féticheurs et même des responsables de la fédération », affirme l’analyste.
Animation offensive, le grand chantier
La RDC a retrouvé le haut niveau du football africain et a gagné quelques places dans le classement FIFA. Mais après la CAN, il y a encore du travail. La sélection congolaise n’encaisse pas trop. Bilan de la CAN ? Quatre buts encaissés, dont seulement un sur une action construite face à la Côte d’Ivoire, pays hôte et vainqueur de la compétition. Deux sur coup de pieds-arrêtés et un sur une erreur du portier Lionnel Mpasi. Une défense solide.
C’est plutôt la ligne d’attaque qui ne carbure pas. Pourtant, les Congolais se sont procurés beaucoup d’occasions durant cette compétition. 89 tirs, 21 cadrés avec seulement 6 buts. Des chiffres qui inquiètent des analystes. La défaite aux tirs au but face à l’Afrique du Sud lors de la petite finale a frustré plus d’un. « Nous n’avons pas de buteurs attitrés dans la pointe de notre attaque. Deuxièmement, les Léopards ont manqué de porter appui à tout joueur, qui possédait le ballon. Nos passes étaient systématiquement imprécises », analyse Célestin Kabala Mwana Mbuyi.
Si des analyses s’accordent à dire que la RDC a maintenant une base, il y a aussi un avenir à construire. Comment la construire ? « Il faut construire l’avenir à partir de l’équipe, elle-même, en jetant aussi un coup d’œil sur les joueurs locaux », prône M. Kabala. Sébastien Desabre entend puiser dans le championnat national et envisage un stage avec les joueurs locaux pour détecter les talents pour renforcer son équipe. Et, surtout, que la suite des éliminatoires de la Coupe du monde 2026 et de la CAN 2025 se profilent à l’horizon.
Trésor Mutombo