Rufino Ndong Esono Nchama, ministre équato-guinéen de la Culture, du Tourisme et de la promotion de l’Artisanat et Valentin Ela Maye, ex-ministre équato-guinéen de l’Economie et des Finances sont soupçonnés d’être impliqués dans une affaire de détournement de fonds publics de l’ordre de dix milliards de Francs CFA (15,2 millions d’euros), a annoncé la télévision nationale (TVGE) vendredi 14 avril.
L’enquête se concentre sur un groupe de cinq équato-guinéens à l’origine de la création de plusieurs entreprises « fictives » depuis 2019, pour obtenir des contrats publics en falsifiant notamment la signature du président de Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo.
Ce dernier est à la tête de l’Etat depuis 1979, et détient le record mondial de longévité au pouvoir pour un chef d’Etat encore vivant, hors monarques.
Ces cinq personnes ont été arrêtées et sont détenues à la gendarmerie de Malabo, la capitale de Guinée équatoriale, le troisième pays le plus riche d’Afrique subsaharienne en PIB par habitant (Banque mondiale, 2021), mais classé au 172ème rang mondial sur 180 dans le baromètre de la corruption de Transparency International.
Ces individus avaient créé « neuf entreprises fictives » qui proposaient notamment des services de maintenance, d’entretiens d’édifices publics et de plages, selon la TVGE, qui ajoute que ces sociétés avaient conclu « 24 contrats frauduleux » avec le gouvernement.
La TVGE accuse notamment Rufino Ndong Esono Nchama, ministre de la Culture, du Tourisme et de la promotion de l’Artisanat depuis 2017, et Valentin Ela Maye, qui fut ministre de l’Economie et des Finances entre 2020 et 2023, d’avoir été « à la solde de ces entreprises frauduleuses ».
La télévision d’état précise que la justice s’intéresse aux liens présumés qu’ils entretenaient avec certaines sociétés « fictives », et affirme que ces deux importantes personnalités recevaient chacune cinq millions de francs CFA par mois (environ 7.600 euros, ndlr).
L’ouverture de l’enquête a été confirmée à l’AFP par une source proche du dossier qui a requis l’anonymat, précisant que les enquêteurs cherchent encore à déterminer le nombre de personnes impliquées. L’audition de M. Nchama nécessite une autorisation de la Première ministre, a précisé la TVGE.
Sollicité par l’AFP, le ministère de la Justice n’a pas précisé la nature des charges retenues contre les personnes soupçonnées, ni les peines encourues.
AFP/Sahutiafrica