Nous allons tenter de répondre à cette question, même si, à la base, elle ne nous est pas directement adressée. Indirectement, on peut le supposer, car ce n’est pas formel. Malgré tous les doutes qui nous empêchent de prétendre avoir des réponses sur la maladie de la justice congolaise, nous allons essayer de partager nos réflexions, nous, les fous, malades, bannis, déglingués, égarés du ciel…
Nous sommes tous ici, moi, représentant de ce chaos, valablement ou non, et ce n’est pas notre problème du jour. Nous n’avons aucune réponse sérieuse à offrir. Nous n’avons jamais eu de réponses sur quoi que ce soit dans ce pays, et c’est normal, car nous n’avons aucun pouvoir. Kabila doit partir. Au-delà de cela, il nous faut changer la Constitution, car elle brûle notre rêve d’un peuple libre et riche. Si notre justice est malade, nous ne dirons pas que c’est la faute de Dieu. Comment pourrait-ce être de sa faute, alors qu’il a toujours réponse à tout, dans la bouche de ceux que nous ne sommes pas encore ?
Ici, Dieu ne voit pas notre misère collective ; il ne voit que ceux qui peuvent lui donner. Nous, nous ne savons même pas donner nos rêves. Avec quoi allons-nous vivre ? C’est tout ce qui nous reste.
Pourquoi la justice congolaise est-elle malade ?
Parce que tous les hommes de droit, magistrats, procureurs, juges, avocats, ont fait de grandes études. La preuve : leurs livres, si l’on devait les réunir, seraient plus imposants que la Bible. Et le plus beau, c’est qu’ils ne lisent même pas ce qu’ils écrivent (du moins, certains, pour ne pas généraliser). Si la plupart ne lisent pas, s’ils négligent même la littérature, que vont-ils appliquer ? Pour bien répondre à ma question, j’ai dû me transformer en Monsieur Sage. Sinon, tout le monde dirait que, en tant qu’écrivain maudit, je ne dirais que l’inutile. Les gens sur terre n’aiment pas ça ; il faut causer, parler de tout et de rien.
Alors, en revêtant mon manteau de sage, bien que je sois un peu constipé, le ciel s’est éclairci, et les dieux ont posé leurs sales bouches sur moi (Bon Dieu ! Ils pourraient se brosser les dents de temps en temps). Me voici, débordant de mes âneries : « La justice ne peut être malade, c’est impossible. Les malades, ce sont les justes, les justiciers, qui, de plus, ont le pouvoir d’enfermer tout le monde, même le bon Dieu, avec la clé de la vie et de la mort. » À peine ma veste de sage enlevée, j’ai perdu le sens de mes propos. Ma vie est si pauvre…
Pourquoi la justice congolaise est-elle malade ?
Peut-être, parce que nous disons cela sans rien dire. La justice de Dieu veut qu’on tue à Gaza, en Ukraine, en Russie, en Iran, au Liban, et partout ailleurs, sans oublier le génocide en RDC, qui n’est la faute de personne d’autre que nous-mêmes, Congolais, car nous aimons tant nous entretuer que… pardon. Ainsi, la justice congolaise ne peut qu’être malade, car la justice de Dieu ne s’en prend pas directement à ces tyrans, à ces assassins qui détruisent le monde.
Il faut donc, en premier lieu, changer la Constitution de la RDC. Ensuite, il faut changer la Constitution de la RDC. Et enfin, pour vraiment finir, il faut changer la Constitution de la RDC, afin que la justice congolaise puisse enfin boire et manger seule ses coltans, diamants, pétroles…
Christian Gombo, Ecrivain