Avec 56,12% des voix, le président Mohammed Ould Cheikh El Ghazouani a été réélu pour un second mandat dès le premier tour, selon les résultats provisoires publiés par la Commission électorale nationale indépendante (Céni).
Des dizaines de supporteurs se sont rassemblés au siège de campagne de M. Ghazouani à Nouakchott dans un concert de klaxons après l’annonce des résultats de l’élection de samedi par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).
« Je ne sais comment exprimer ma joie. Notre président est un grand président. Nous sommes très heureux », s’est réjoui Bekouma Mohamed, 56 ans. Les résultats doivent encore être validés par le Conseil constitutionnel, auquel ils doivent être transmis sous 48 heures.
S’ils sont confirmés, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, militaire de carrière de 67 ans élu une première fois en 2019, dirigera cinq ans de plus ce vaste pays désertique à la charnière entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne, espace de stabilité dans un Sahel troublé par le djihadisme et les coups d’État, et futur producteur de gaz.
L’opposant historique Biram Dah Abeid, donné deuxième avec 22,10%, a cependant refusé à nouveau lundi de reconnaître les chiffres rendus publics par la Ceni, et a crié aux « fraudes massives ».
Biram Dah Abeid, connu pour son engagement contre l’esclavage qui subsiste dans son pays, a dit attendre les résultats fournis par ses propres équipes avant de mettre à exécution la menace d’appeler à descendre dans la rue.
« Toute manifestation que vous ferez devra être pacifique », a-t-il dit à ses sympathisants, selon des images de son compte de campagne sur les réseaux sociaux.
Certains de ses supporteurs ont brûlé des pneus et des poubelles et perturbé la circulation dimanche soir dans certains quartiers de la capitale, où la présence policière s’est fortement accrue. Le porte-parole de Biram Dah Abeid a annoncé l’arrestation de son directeur de campagne.
Le candidat islamiste troisième
Le ministre de l’Intérieur a prévenu dimanche soir qu’il « ne tolérera aucun agissement de nature à perturber la quiétude et la tranquillité des citoyens ». « Nous avons tout fait pour préparer les conditions d’une bonne élection et nous y avons relativement réussi », a objecté lundi le président de la commission électorale, Dah Ould Abdel Jelil, en énonçant les résultats finaux.
Le candidat islamiste de Tawassoul, premier parti d’opposition à l’Assemblée nationale, Hamadi Ould Sidi El Mokhtar, se classe troisième avec 12,78% des suffrages.
M. Ghazouani, grand favori de l’élection, l’avait aussi emporté au premier tour en 2019 avec un score d’un peu moins de 52%, déjà devant Biram Dah Abeid. Les résultats publiés depuis samedi soir bureau par bureau, au fur et à mesure de leur arrivée, par la Ceni en gage de transparence ne laissaient guère de doute sur l’issue du scrutin.
Les Mauritaniens ont donc choisi la continuité à la tête de leur pays de 4,9 millions d’habitants qui n’a plus connu d’attaque djihadiste sur son sol depuis 2011, alors qu’elles abondent au Mali voisin et ailleurs au Sahel.
Le président Ghazouani a fait de l’aide aux plus démunis et à la jeunesse un de ses chantiers prioritaires. En Mauritanie, les moins de 35 ans, qui représentent plus de 70% de la population, partent de plus en plus vers l’Europe ou les États-Unis, poussés par l’espoir d’une vie meilleure.
Après un premier mandat entravé par l’épidémie de Covid-19 et les conséquences de la guerre en Ukraine, M. Ghazouani espère réformer davantage grâce à des perspectives économiques favorables.
Sur la période 2024-2026, la croissance devrait être de 4,9% en moyenne, grâce au lancement de la production de gaz au second semestre 2024, estime la Banque mondiale. L’inflation est passée d’un pic de 9,5% en 2022 à 5% en 2023, et devrait continuer à diminuer pour atteindre 2,5% en 2024.
Aucun incident majeur n’a été signalé au cours de la présidentielle marquée par un taux de participation en baisse par rapport à 2019, s’élevant à 55,39%. La Mauritanie a connu une succession de coups d’État de 1978 à 2008, avant que l’élection de 2019 ne marque la première transition entre deux présidents élus.
AFP/Sahutiafrica