Alors que Kigali tente de nuancer les propos du président Paul Kagame menaçant de ne plus accueillir des réfugiés congolais, Kinshasa dénonce l’indécence du président rwandais. Un nouvel épisode de tensions entre la RDC et le Rwanda, en brouille depuis la résurgence du M23.
Pour Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement congolais, c’est la preuve que les droits humains n’ont aucune valeur pour le président rwandais. Il voit cette déclaration du président Kagame comme une façon de faire un chantage à la communauté internationale sur des vies humaines.
« On instrumentalise les réfugiés congolais parce qu’il y a un calcul politicien derrière, c’est le paroxysme de l’indécence. Ces déclarations de Paul Kagame visent à détourner l’attention internationale de la responsabilité du Rwanda, à travers le (mouvement rebelle du) M23, dans l’agression de la RDC, dans le massacre de Kishishe », a déclaré M. Muyaya.
Le porte-parole du gouvernement congolais, qui vante l’hospitalité de son pays, rappelle que des Rwandais avaient afflué en RDC après le génocide de 1994 au Rwanda. « Si nous avons ouvert nos frontières à cette époque, c’est parce qu’il y avait une demande de la communauté internationale, pour des besoins humanitaires et depuis, nos malheurs ont commencé », a rappelé le ministre congolais.
Lors d’un discours devant les parlementaires rwandais lundi, le président Kagame a estimé que son pays ne devra plus accueillir des réfugiés en provenance de la RDC. « Je refuse que le Rwanda supporte ce fardeau », a dit le chef de l’État rwandais. Face à la polémique de cette déclaration suscite, Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement rwandais, a tenté de dissiper le malentendu. Pour elle, ce que M. Kagame a abordé, c’est l’hypocrisie flagrante en critiquant et en accusant le Rwanda d’être à la base de l’échec de l’État en RDC, et qui ensuite censé accueillir ceux qui cherchent refuge contre les conséquences de cet échec.
« Nous accueillons toujours les personnes fuyant l’insécurité, la persécution et la violence. Nous demandons à la communauté internationale de prendre la responsabilité de trouver une solution durable pour ce groupe oublié de réfugiés de la RDC », tempère Yolande Makolo.
Dans la foulée de ce nouvel épisode de tension, Lewis Mudge, directeur Afrique centrale pour Humain rigths watch, a appelé le Royaume-Uni d’annuler l’accord sur l’accueil de demandeurs d’asile conclu avec Kigali.
Selon le Haut-commissariat de Nations unies aux réfugiés (HCR), le Rwanda a accueilli près de 72.000 congolais, fuyant de violences dans l’est du Congo. Dans le camp de Kigeme, des réfugiés congolais ont dénoncé d’actes de discrimination dont seraient victimes leurd proches en RDC. Les relations entre Kinshasa et Kigali ressemblent à un fleuve agité ces derniers mois. La polémique autour de ces réfugiés ravive les tensions. Jusqu’où peut aller ce bras de fer ?
Trésor Mutombo