Le long de l’ancien chemin de fer dans la commune de Kinshasa, capitale congolaise, s’est transformé en un petit marché de bouteilles. Du lundi au samedi, cet espace commercial assez particulier s’anime. Tous types de bouteilles sont proposés. Qu’elles soient en plastique ou en verre, issues du milieu hospitalier, du cosmétique ou de l’alimentation…
Des contenants d’antibiotique injectable aux liqueurs en passant par des bouteilles d’eau minérale, des déodorants, ou encore les bidons et les tonneaux, vous y trouverez tout. Les bouteilles achetées sur le site servent dans d’autres domaines, permettent à d’autres commerces d’exister et à de nombreuses familles de subvenir à leurs besoins.
« Je suis dans ce commerce de revente de bidons depuis plus de cinq ans. Cela me permet de subvenir aux besoins de ma petite famille. Mon mari est un retraité de l’armée et sa pension ne comble pas toutes nos dépenses », confie Julie, une vendeuse de bouteilles en plastique. Elle étale sa marchandise en attendant les potentiels clients.
D’après elle, « ce travail exige de la technique et surtout de l’envie. Ce n’est pas facile quand les gens vous voient fouiller dans les poubelles ou ramasser des bouteilles jetées dans les caniveaux ou sur le sol », souligne-t-elle. Des gros sacs remplis des bouteilles récupérées, stockées autour d’elle, attendent une autre destination.
Visiblement épuisée, Chaelène, la quarantaine révolue s’occupe à laver les bouteilles ramasser. « Je ramasse les bouteilles dans les poubelles et autres. Je me réveille très tôt pour gagner le maximum. Une fois que mon sac est plein, je me rends ici pour les laver afin de pouvoir les revendre à de bons prix. Car les bouteilles déjà lavées et non-lavées n’ont pas les prix », a-t-elle fait savoir. Elle est sous un parapluie qu’elle vient de collecter.
Interrogée, elle explique que cela constitue pour elle une activité à la fois très épuisante mais rentable. « Cela fait trois ans que je fais cette activité et c’est grâce à cela que je nourris ma famille, paie la scolarité de mes deux enfants, et même la nourriture », poursuit-elle.
Dans ce petit marché, chaque type de bouteilles à un prix comme par exemple : un bidon de 5 litres se vend à 1500 ou 1000 FC/pièce et une bouteille en verre à 1000 FC. Mais aussi un casier de boissons alcoolisées ou sucrées se négocie entre 14.000 FC ainsi qu’une bouteille de champagne ou de vin coûte 500 FC la pièce.
Un business beaucoup plus pratiqué par les femmes
Certaines commerçantes n’apprécient pas d’être questionnées au sujet de leur commerce. Elles essaient de ne pas communiquer ou fuient toute approche de la rédaction.
Ce business est beaucoup plus pratiqué par les femmes. Cependant certains hommes s’y lancent. C’est le cas de Michel Samba, trouvé à côté d’une poubelle publique à la commune de Gombe, centre d’affaires de Kinshasa. Il explique son business.
« Je vais collecter les bouteilles en plastique dans les quartiers huppés de la Gombe ainsi que dans cette poubelle. Je vends mes bouteilles à la société publique de Kintoko ou dans des entreprises pour le recyclage », dit-il. M. Samba indique que cette activité est rentable, car le prix des bouteilles est fixé entre 500 et 1000 FC et a une capacité de vente de plus de 200 bouteilles par jour.
Ce business a de l’ampleur. Chaque jour, des jeunes ramassent des bouteilles plastiques dans leurs quartiers respectifs et les acheminent vers ce marché. C’est le cas de Junior, 17 ans, qui explique avoir commencé avec un sac en plastique, mais qui aujourd’hui, a un tricycle qui lui sert de ramassage de bouteilles.
Ce petit commerce comme plusieurs autres n’est pas régularisé. Car, les acteurs ne paient pas de taxe au regard du fonctionnement anarchique de cette activité pourtant très rentable, selon les acteurs.
Ali Maliki