C’est le coucher du soleil à Kinshasa, capitale congolaise. Doucement, la voix d’un muezzin s’élève de quelques mosquées de Kinshasa. Il annonce en arabe la fin d’une longue journée ensoleillée. L’appel à la prière du soir marque la rupture du jeûne. Les jeûneurs se réunissent sur le tapis pour rompre le jeûne, souvent en famille.
Le dîner est prévu juste après la prière. Place aux repas. Il faut manger pour retrouver un peu de forces. On se gave des bons plats après une journée de privation. Les fidèles musulmans s’apprêtent à oublier la faim, la soif et la fatigue de la journée.
Dans la commune de Kinshasa, l’une des communes où se trouve une forte communauté musulmane, la rupture du jeûne est collective chaque soir de ramadan. Sur invitation du jeune homme nommé Buana, je vais découvrir et déguster un plat fait maison nommé « Futari ». Le repas est apprêté par sa mère qu’on appelle mama Fatou, musulmane dans la cinquantaine.
Dimanche 24 avril, quelques temps avant la rupture du jeûne, des femmes s’activent à préparer le repas du soir à l’intérieur de la cour de la maison familiale.
Futari, un plat traditionnel consommé au mois de Ramadan
Assise sur un tabouret en bois, Mama Fatou veille à la cuisson de plat sur un brasero. Elle est entourée de ses filles. Ces dernières reviennent du marché avec la pâte d’arachides, de bananes plantains et des ignames. Il y a aussi de patates douces ainsi que du manioc.
« Ce sont les ingrédients pour préparer le « Futari ». Ce plat ne se mange que pendant le ramadan. La plupart des pays africains préfèrent le plantain frit. Le « futari » se prépare à base d’igname, de patate douce, du manioc et de la pâte d‘arachides. Il faut simplement le faire bouillir avec de l’eau et du sel. C’est ainsi que nous aimons notre plantain », souffle Mama Fatou.
Après avoir lavé les différents tubercules, elle les épluche. Mama Fatou verse les bananes plantains, les ignames, la patate douce ainsi que le manioc dans une casserole pour les bouillir. Tout ensemble.
« Tous ces ingrédients doit être ramollis surtout le manioc. Le mélange bouillit est malaxé. Mais le mieux est de piler le manioc avec un mortier, car c’est l’ingrédient qui se ramollit difficilement », explique-t-elle.
Elle mélange la cuisson. Elle remet la marmite sur le brasero avant de faire un mélange de la pâte d’arachides avec de l’eau qu’elle rajoute à la cuisson. Mais également une petite quantité de sel et du récipient qui a bouilli tous les ingrédients.
« Ce plat n’a pas d’origine fixe comme son nom. Certaines personnes disent qu’il provient de la partie Est de la RDC (Maniema, les deux Kivu) et d’autres disent que le futari a été exporté de la Tanzanie. Il peut être consommé avec de la sauce de viande ou simplement », dit-elle.
Le bouillonnement de la cuisson dégage une sensation délicieuse qui tient en haleine mes sensations et une envie de manger rapidement. Mais il faut attendre le coucher du soleil. Le moment de la rupture du jeûne.
Mama Fatou souligne que « le plat doit être suivi de près lors de la cuisson, car le mélange a tendance à brûler rapidement ». Il est 18H, me lance-t-elle.
Du coup, les femmes et les enfants se pressent pour apporter le nécessaire à manger. A l’odeur, la langue salive déjà. Ensuite, c’est au tour de la bouche et de l’estomac de se remplir. Il est bon le « futari ».
Ali Maliki