Mercredi 16 février, l’auditoire de la Haute cour militaire de Ndolo à Kinshasa, capitale congolaise, est silencieux lorsque Me Elie Mbikayi, un des avocats des parties civiles, présente leur plan de plaidoirie. C’est le début de plaidoiries dans le procès sur l’assassinat de Floribert Chebeya, activiste des droits de l’homme et Fidèle Bazana, son assistant en juin 2010.
« Nous sollicitons des sanctions exemplaires contre les auteurs de ce double assassinat. Nous allons aussi formuler les demandes pour les préjudices causés », dit Richard Bondo, coordonnateur du collectif des avocats de la partie civile, dans ses mots introductifs.
D’autres avocats se succèdent à la barre. Chacun dans son rôle présente les conclusions des défenseurs des intérêts de la partie civile. L’on pouvait apercevoir une émotion de tristesse dans la salle. Vêtue d’un pagne vert, une femme verse quelques larmes lorsqu’un avocat de la partie civile retrace les exploits de Floribert Chebeya de son vivant. Il a même évoqué les mobiles de son assassinat.
« Floribert était comme une personne qui gênait les préparatifs de festivités de 50 ans de l’indépendance de la RDC en 2010, année de son assassinat. Pour lui, les dirigeants devaient se remettre en question et réfléchir sur l’état de la nation et non organiser une fête tambour battant », raconte Me Elie Mbikayi.
Menotte, sac plastique noir et bande adhésive sur la table pour illustrer les matériaux utilisés lors de ce double meurtre. Il ajoute que l’activiste des droits de l’homme avait introduit dix-sept correspondances à l’Inspecteur de la police nationale, dirigée par le général John Numbi à l’époque, pour dénoncer les violations des droits de l’homme.
« Nous plaçons Joseph Kabila comme auteur intellectuel de l’assassinat de Floribert Chebeya », tranche Me Peter Ngomo, l’un des avocats. Après son intervention, le juge suspend l’audience. Prochaine audience le mercredi prochain. Les avocats n’ont pas fini leurs plaidoiries.
« Aucune personne ne peut comprendre pourquoi mes larmes ont coulé. Ça fait très mal d’entendre la scène sur les assassinats de Floribert Chebeya. J’ai été élevé depuis l’âge de 10 ans dans la maison de Floribert Chebeya. Voir sa personnalité, il ne méritait pas tout ce qu’on lui a fait. Que les auteurs de son assassinat soient sévèrement punis », déclare, fermement, Eli Yanzela, membre de la famille Chebeya. « Malgré toute la condamnation de ces assassins, rien ne va pas ressusciter Chebeya », ajoute-t-elle d’une triste voix.
Joe Kashama