Boulevard Lumumba. Kinshasa, capitale de la RDC. Des véhicules klaxonnent. D’autres roulent au ralenti. Le trafic est dense. Des vendeurs ambulants se frayent des passages entre les véhicules. Vendre à Kinshasa est une question de survie. Les vendeurs bravent les risques dans cette ville à la circulation dense, au risque de leurs vies.
Quelques cache-nez en main, Marcos, dans la vingtaine, se faufile entre les véhicules sur le boulevard Lumumba pour proposer ses produits aux clients. Les véhicules sont bloqués dans la circulation, c’est le moment de trouver quelques rares clients et espérer faire des bonnes affaires. « Ma mère est décédée il y a une année. Mon père est en déplacement. Moi et mes deux frères, nous ne comptons que sur nous-mêmes », raconte Marcos. Il ne fait pas trop attention aux quelques véhicules qui klaxonnent après lui. Il faut vendre d’abord.
La débrouille pour vivre
Marcos s’est lancé dans le commerce pour éviter la délinquance. Il vend le long du boulevard. « Beaucoup de ma génération sont devenus des Kuluna (brigands) par manque d’orientation. J’ai décidé de suivre une voie noble et de gagner ma vie honnêtement pour ne pas manquer de quoi manger », confie-t-il avant d’interrompre pour discuter avec une cliente. Et cela en français. Après son diplôme d’Etat, Marcos n’a pas pu poursuivre ses études supérieures fautes de moyens financiers.
Non loin, Dimitri, autre jeune homme dans la vingtaine, a des sachets de ships à base de banane plantain qu’il vend aussi sur le boulevard. « Dans ce pays, que tu aies un diplôme ou pas, il n’y a pas de travail. Je préfère vendre les chips pour avoir un peu d’argent », a dit Dimitri. Il vend un sachet de chips à 500 Fc.
A Kinshasa, le travail de vendeur ambulant rime avec rapidité, surtout sur le boulevard. Pour tenir durant toute la journée, il faut aussi de l’endurance physique. Il faut donc manger à la sueur de son front.
Echapper aux tracasseries policières
Les vendeurs ambulants des rues de la capitale congolaise font aussi face aux tracasseries des agents de la police. C’est ce que relate Luc, vendeur d’eau en bouteille, qui a été arrêté une fois alors qu’il vendait. Depuis, il affirme qu’il suit tous les mouvements pour éviter d’être arrêté à nouveau.
A bord des jeeps de la police, les forces de l’ordre sillonnent les rues de la capitale pour arrêter les vendeurs ambulants. Lors de ces opérations, les marchandises sont confisquées ou détruites, le vendeur jeté dans le véhicule de la police, s’il n’a pas eu le temps de s’échapper.
Pour Freddy, il y a un changement depuis qu’il vend ses marchandises le long du boulevard à Limete.
« En ville, les policiers nous dérangeaient. A Limeté, ils ne nous dérangent pas. Quand j’étais en ville, il y avait beaucoup de tracasseries. Si on t’arrête, tu perds ta marchandise. Puis tu dois payer une amende 30.000 Fc pour être libéré. L’argent, les policiers se le partagent », raconte Freddy. Depuis qu’il a quitté le centre ville, son commerce marche bien. Il confie rester tout de même vigilant pour ne pas être écrasé par un véhicule.
Il n’y a pas de sot métier, dit-on.
Ravanelly Ntumba