Omar el-Béchir, ex-président soudanais, a reconnu, mardi 20 décembre devant une cour spéciale à Khartoum, sa responsabilité dans les événements du coup d’État de 1989 qui l’ont porté au pouvoir, lui et 27 de ses collaborateurs. Mais il nie le rôle d’autres factions non-militaires dans la planification et l’exécution de ce putsch.
« Je me tiens devant ce tribunal, et je dis avec fierté et dignité, que je suis le leader et l’instigateur de la Révolution de salut national, et que j’assume l’entière responsabilité de ce qui s’est passé en juin 1989 », a dit l’ex-autocrate âgé de 77 ans.
Il conteste l’implication des islamistes civils d’avoir pris part au putsch. « C’était une action purement militaire et nous n’avions pas besoin de civils pour nous aider », a-t-il ajouté.
Sa déclaration contredit le récit du défunt dirigeant islamiste Hassan al-Turabi et de plusieurs autres personnalités islamistes qui ont admis que le coup d’Etat avait été planifié et exécuté par le Front national islamique (NIF).
L’avocat Al-Moez Hadrat, membre de l’équipe de poursuite, déclare que cette déclaration contredit les preuves enregistrées et audio présentées contre el-Béchir. « El-Béchir, en tant qu’accusé, était censé se défendre, mais il ne l’a pas fait. Au lieu de cela, il a fait un plaidoyer politique qui n’a aucune valeur juridique », a-t-il commenté.
Le tribunal a rejeté le documentaire télévisé où al-Turabi détaillait comment ils avaient organisé le coup d’Etat du 30 juin 1989 en raison de sa mort.
Cependant, le tribunal avant le verdict va examiner d’autres éléments de preuve concernant l’organisation du coup d’Etat par les islamistes.
Le 30 juin 1989, Omar el-Béchir a organisé un coup d’Etat militaire contre le gouvernement du Premier ministre Al-Sadiq Al-Mahdi et a gouverné le pays sous ce qu’il a appelé la «révolution du salut national».
L’ancien président est actuellement détenu à la prison de Kober à Khartoum après avoir été reconnu coupable de corruption en décembre 2019.
El-Béchir a dirigé le Soudan pendant trois décennies et a été chassé du pouvoir par l’armée en 2019 à la suite de manifestations de masse.
Ali Maliki