Au Tchad, plus de 10 000 victimes du régime d’Hissène Habré, ancien président, ont entamé la réception d’une indemnisation totale de 16,5 millions de dollars de la part du gouvernement tchadien, ont rapporté des organisations non gouvernementales (ONG) mardi 5 mars.
Chaque victime a reçu 925 000 francs CFA (environ 1 529 dollars), répartis de manière égale entre les victimes directes et indirectes. Ces dernières étant les familles des personnes décédées sous le régime de Habré, a déclaré Djidda Oumar, président de la Commission des droits de l’homme du Tchad.
Les paiements, débutés le 23 février, représentent moins de 10% du montant total alloué aux victimes par les tribunaux du Sénégal et du Tchad, selon la Commission internationale de juristes (CIJ).
En 2017, la Cour d’appel de Dakar a chargé l’Union africaine de mobiliser 82 milliards de francs CFA, en fouillant les avoirs de Habré et en sollicitant des contributions, pour les victimes. Malgré cela, le fonds n’est pas encore opérationnel, et de nombreux survivants sont décédés sans recevoir de compensation.
Lors d’un autre procès en 2015, une vingtaine d’agents de sécurité du régime Habré ont été condamnés par un tribunal tchadien à payer la moitié des 75 milliards de francs CFA alloués aux victimes, le gouvernement prenant en charge l’autre moitié.
Hissène Habré a été renversé et exilé au Sénégal en 1990, où il a purgé sa peine jusqu’à son décès en août 2021 des suites de la Covid-19, à l’âge de 79 ans. Il avait été reconnu coupable de crimes contre l’humanité par un tribunal spécial africain en 2017. Il s’agit d’atrocités commises pendant son règne, au cours duquel plus de 40 000 personnes auraient été tuées.
Cette indemnisation symbolise un pas crucial vers la reconnaissance des souffrances subies par les victimes du régime de Habré et offre un semblant de réparation pour les atrocités passées. Cependant, elle met également en lumière les défis persistants et le besoin de justice pour une transition vers un avenir plus juste et équitable pour le peuple tchadien.
Ben Tshokuta