Des gens qui passent et te dépassent comme le vent qui gifle tout lorsqu’on se pose en obstacle. Des gens qui passent et te dépassent avec une uniformité rageante en étant lassé et dépassé tout en courant vers la monotonie d’un futur proche qui consacre leur quotidien.
Des gens qui passent et me dépassent, un conditionnement voulu que je cherche sciemment en marchant à l’opposé du chemin retour ou chemin allée de cette foule de population que vomit par enchantement le destin à la Tshangu. Tshangu, ce coin de la République qui me ressemble dans l’âme. Tshango, ce genre de milieu où se mêlent et s’entremêlent des fougeux destins en quête d’une identité propre et qui n’a aucun symptôme du complexe. Tshango, ce lieu mythique qui rime avec solidarité dans une énergie débordante se moquant bien souvent du confort matériel. Tshangu, ce coin de la République que j’affectionne tant à cause de son audace, de son impétuosité, et surtout de sa capacité à créer. Tel des artistes divins.
Ingéniosité indigne
Là-bas, les carcasses de voiture revivent. Aucune couture ne limite le talent de leurs couturiers que le temps et l’usure jalousent. Là-bas, on ose tout, de rien. On a tout, de peu. On peut tout. Tout se crée et se recrée. Tshango, ce coin qui me ressemble tant dans la bizarrerie constructive, qui pue une ingéniosité indigne du lieu. Chaque fois que je visite le coin, j’aime me faufiler au milieu de la foule, reniflant, sentant, humant les odeurs humaines et les odeurs de toutes les choses qui grouillent aux alentours. Le parfum que je délecte, c’est le parfum de l’effort, le parfum du « qui cherche », le parfum de « chemin de fer », de « l’article 15”. Tant d’odeur pour signifier une marque unique, la marque du respect.
Tshangu, ce milieu full de monde, dans un décor unique, pas si inique, avec ses lumières et ses ténèbres comme un peu partout dans le monde, mais si j’aime être là en me sentant à l’aise. C’est parce qu’aussi dans l’âme, je m’identifie à eux. Et le spectacle de génie que je viens de suivre à la maison de mwindeurs* n’est qu’une confirmation de ma certitude. J’y retournerai avec et toujours de grandes espérances car j’y ai toujours a chaque fois étanché ma soif!
Christian Gombo