Soupçonné d’être impliqué dans le meurtre du journaliste Martinez Zogo, Jean-Pierre Amougou Belinga, homme d’affaires camerounais, est aux arrêts depuis lundi 6 février.
Cet homme d’affaires, réputé proche de plusieurs ministres et hauts responsables de l’État, a été arrêté dans la matinée de lundi. En fait, Amougou Belinga est cité comme le suspect dans l’assassinat du journaliste Zogo, directeur général de la radio privée Amplitude FM et animateur vedette d’une émission quotidienne, Embouteillage. Dans cette émission, le journaliste dénonçait régulièrement l’affairisme et la corruption au Cameroun.
« Il y a trois faits qu’il faut d’abord relever. Il y a cette dénonciation de la fraude fiscale d’Amougou Belinga à laquelle s’était livrée Martinez Zogo quelques jours avant son enlèvement. Après son enlèvement, on se posait la question où est-il passé. Or, il y avait des suspicions qui pesaient sur l’homme d’affaires avec des dénonciations sur les réseaux sociaux et autres. Cela a entraîné une présomption de culpabilité au niveau de l’opinion qui le pointe carrément comme étant le bourreau désigné », commente Rollan Tsapi, journaliste camerounais, à Sahutiafrica.
Reporters sans frontières (RSF) a, dans un communiqué, pointé M. Amougou Belinga dans l’enlèvement et les actes de torture et le meurtre de Martinez Zogo. Cette organisation cite le procès-verbal d’audition de très hauts responsables de l’appareil de sécurité arrêtés. Cette source parle aussi de l’implication d’un ministre important ainsi que « d’autres personnalités importantes, dont plusieurs ministres proches de Jean-Pierre Amougou Belinga, qui pourraient avoir été mises au courant », en s’appuyant toujours sur le PV d’audition.
« On va dire que justice a été faite lorsque les coupables seront jugés et condamnés par un tribunal », dit M. Tsapi.
Dans cette affaire, deux proches d’Amougou Belinga ont été aussi arrêtés. Selon Denis Omgba Bomba, directeur de l’Observatoire national des médias, organe rattaché au ministère de la Communication, il s’agit de Bruno Didjang, journaliste de la chaîne de la télévision Vision 4 appartenant à l’homme d’affaires et du colonel à la retraite Raymond Etoundi Nsoe, beau-père de l’homme d’affaires et ex-commandant de la garde présidentielle.
Salomon Mbani Zogo alias « Martinez », enlevé le 17 janvier par des inconnues dans la banlieue de Yaoundé, capitale camerounaise, devant un poste de gendarmerie, avait été retrouvé mort cinq jours plus tard. Depuis, cette affaire fait grand bruit au Cameroun et au-delà de ses frontières. Le gouvernement, quant à lui, a dénoncé « un crime odieux ». Le 2 février dernier, il a annoncé « l’arrestation de plusieurs personnes, fortement suspectées d’être impliquées dans cet assassinat ».
« Pour une fois, le gouvernement est en train de montrer un gage de bonne volonté et de donner l’impression que pour une fois que justice doit être faite après un crime aussi crapuleux parce qu’il faut rappeler le cas Martinez Zogo n’est pas le seul », affirme Rolland Tsapi.
Trésor Mutombo